Collectif
La Lande des mortifications
. Vingt-cinq pièces de nô
Ouvrage collectif de Kan'ami, Motomasa, Sarugaku d'Ômi, Zeami et de Zenchiku. Trad. du japonais par Armen Godel et Koichi Kano. Introduction et notes d'Armen Godel et Koichi Kano
Parution
Le monde du nô est pareil à une mystérieuse caverne. Pour qui a réussi à en trouver l’accès, ce qu’il voit, ainsi vu du dedans, n’a plus rien d’un antre noyé dans l’obscurité et forclos du monde. Comme par enchantement, les parois en ont disparu, tout y baigne dans une clarté radieuse et l’horizon s’y perpétue sans fin. Si fascinant qu’il soit, ce monde mortifié est le nôtre, tel qu’il se trouve livré incessamment aux turpitudes, aux passions sans issue. Et voici qu’il n’est plus traité que comme un objet dérisoire, perdu dans l’infini du temps et de l’espace, hors même le temps et l’espace, en une dimension que seules la danse et la poésie peuvent traduire.
C’est bien de notre monde qu’il s’agit, quand bien même le lieu de sa représentation est un no man’s land, en lequel seule la mort se laisse percevoir comme un accès obligé au Savoir suprême. Si quelques élus en possèdent la clé, les autres créatures, humaines ou spectrales, y errent en traînant, horrifiées, la douleur éternelle qui les accable. Cette mort qu’ils méconnaissent, qui les abasourdit chaque fois qu’elle se produit, porte en son négatif l’image noire d’une fermeture, dont la conséquence est l’écrasement et l’anéantissement. Ils vont et viennent ainsi sur cette lande des mortifications - la Maison de Flammes dans la mythologie bouddhique -, en quête de rencontres inattendues, dans l’attente, avec plus ou moins d’espoir, d’y recevoir un beau jour le salut.
C’est bien de notre monde qu’il s’agit, quand bien même le lieu de sa représentation est un no man’s land, en lequel seule la mort se laisse percevoir comme un accès obligé au Savoir suprême. Si quelques élus en possèdent la clé, les autres créatures, humaines ou spectrales, y errent en traînant, horrifiées, la douleur éternelle qui les accable. Cette mort qu’ils méconnaissent, qui les abasourdit chaque fois qu’elle se produit, porte en son négatif l’image noire d’une fermeture, dont la conséquence est l’écrasement et l’anéantissement. Ils vont et viennent ainsi sur cette lande des mortifications - la Maison de Flammes dans la mythologie bouddhique -, en quête de rencontres inattendues, dans l’attente, avec plus ou moins d’espoir, d’y recevoir un beau jour le salut.