La Grande éclipse
Collection Blanche
Gallimard
Parution
André Bénévent (qui porte les initiales de l’auteur) a vingt ans au moment de l’invasion de 40. Cet être mou et faible voit dans la guerre une occasion de s’affirmer. Oublié sur le front italien, il profite d’une escarmouche pour tuer son capitaine, crime qui ne parvient pas à secouer son apathie. Il se «démobilise» lui-même et fait passer des patriotes en Angleterre, non par idéalisme, mais par défi. Menacé d’arrestation, il s’embarque pour l’Amérique sous un faux nom.
Nous le retrouvons rédacteur d’un journal français de New York. Il fréquente les milieux artistiques. Devenu citoyen américain et mobilisé une fois de plus, il passe son temps entre les besognes du soldat de garnison et la débauche. Officier du G. Q. G. à Londres, il participe à l’élaboration des plans d’invasion, débarque en France, se bat, part pour l’Allemagne.
Ayant goûté aux fruits défendus de la victoire : marché noir et traite des blanches, il entre dans la Carrière et se laisse griser par le pouvoir. Dégoûté de tout, il démissionne bientôt et revient à Paris après onze ans d’absence. Mais il se fait expulser pour avoir publié un ouvrage pornographique.
D’accord ni avec lui-même ni avec son époque, le héros (ou l’auteur) sait «qu’il ne jouera jamais qu’un rôle secondaire dans sa vie. Mais sa résignation est joyeuse, et sa rage, teintée de taoïsme. Tour à tour cruel et doux, sadique et sentimental, il ne croit en rien et ne veut rien. Il n’a qu’une ambition : rester lucide et comprendre.
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