De tous les personnages de Dostoïevski, L’ldiot est le plus célèbre. Ce malheureux prince Muichkine qui domine le roman, Dostoïevski a voulu en faire un Christ qui serait maladroit et ridicule, un Christ qui serait en même temps don Quichotte. Autour de lui, tout n’est qu’ambition, soif d’argent, d’honneurs, appétit de jouissance : lui se satisfait d’un sourire.
Le roman commence alors que Muichkine émerge de la folie à vingt-quatre ans. Il s’achève quand le prince sombre de nouveau, définitivement. Entre-temps, il aura mis toute son âme à faire le bien et n’aura réussi qu’à provoquer des catastrophes, jusqu’au meurtre de Nastasie par Rogojine.
Empli d’estime et de tendresse pour son héros sublime et dérisoire, Dostoïevski lui a prêté ses idées maîtresses, sa foi, ses doutes, sa connaissance des abîmes que chacun trouve au fond de lui-même, et cette immense pitié que lui inspire la condition de l’homme.