La Part maudite
II
L'Histoire de l'érotisme
Gallimard
Parution
L’Histoire de l’érotisme devait être la suite de La part maudite. Essai d’économie générale. Georges Bataille avait un grand projet : élaborer, à partir d’une critique de l’utile, une économie générale qui désaliène l’homme rivé au travail et lui restitue sa «part maudite» – la consumation, libre, gratuite.
«Je me sens très seul à chercher, dans l’expérience du passé, non les principes mis en avant, mais les lois ignorées qui menèrent le monde et dont la méconnaissance nous laisse engagés sur les voies de notre malheur.» Il fait l’hypothèse d’un temps originaire où le monde se serait donné à l’homme dans un pur rapport d’immanence et d’immédiateté. Le monde était alors l’intime de l’homme, dans un rapport d’excès, de passion : «Le monde intime s’oppose au monde réel comme la démesure à la mesure, la folie à la raison, l’ivresse à la lucidité.»
Désormais, dans le monde transcendant – ce monde où l’homme rivé au travail s’invente des fins à atteindre hors de lui et dans l’avenir –, l’érotisme permet de redécouvrir la possibilité de dépenses d’énergie sans cette utilité immédiate qui nous asservit. L’érotisme enfièvre, dépense, gaspille. Puisque sur lui seul l’avenir n’a pas de prise, il est «la voie la plus puissante pour entrer dans l’instant».
«Je me sens très seul à chercher, dans l’expérience du passé, non les principes mis en avant, mais les lois ignorées qui menèrent le monde et dont la méconnaissance nous laisse engagés sur les voies de notre malheur.» Il fait l’hypothèse d’un temps originaire où le monde se serait donné à l’homme dans un pur rapport d’immanence et d’immédiateté. Le monde était alors l’intime de l’homme, dans un rapport d’excès, de passion : «Le monde intime s’oppose au monde réel comme la démesure à la mesure, la folie à la raison, l’ivresse à la lucidité.»
Désormais, dans le monde transcendant – ce monde où l’homme rivé au travail s’invente des fins à atteindre hors de lui et dans l’avenir –, l’érotisme permet de redécouvrir la possibilité de dépenses d’énergie sans cette utilité immédiate qui nous asservit. L’érotisme enfièvre, dépense, gaspille. Puisque sur lui seul l’avenir n’a pas de prise, il est «la voie la plus puissante pour entrer dans l’instant».