Marcel Arland

L'eau et le feu

Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Ce livre n'est pas un recueil, mais un ensemble de nouvelles. Chacune d'elles a été conçue par rapport à cet ensemble. Je ne prétends point que de tels livres puissent offrir la composition rigoureuse d'un roman. Mais ils peuvent avoir leur architecture particulière, leur unité organique ; ils peuvent avoir Ieur âme et leur visage. C'est I'aspiration de ce livre : par la reprise de certains thèmes ou de certaines situations, qui changent d'éclairage et presque de sens, par l'opposition et l'accord des techniques, des accents, des ombres et des lumières, de l'intensité de la détente. Au demeurant, il me semble que je n'ai rien fait d'autre que de suivre le propre rythme d'une vie.
Il est possible que certains lecteurs trouvent cet ouvrage un peu sombre. Et mettons qu'il le soit un peu, çà et là (signe de jeunesse, sans doute...). Mais enfin toutes mes nouvelles exposent le même débat : entre la vie et la mort, et prennent le même parti, jusqu'aux plus sombres : celui de la vie et des eaux vives.
"Des eaux courantes!" dit Bossuet. Et Pascal : "Des fleuves de feu et d'exil!" – Oui, les eaux de la terre. Des eaux qui brûlent, mais qui peuvent avoir aussi leur fraîcheur. Des eaux qui, toujours fuyantes, entretiennent notre soif.

Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Brûlant de feu, et tremble dent à dent...


Mais, pour reprendre l'image de Pascal, où pourrions-nous mieux rêver de la "Jérusalem céleste" qu'au bord des "fleuves de Babylone"? – Après cela, je ne suis qu'un conteur de nouvelles.»
Marcel Arland.