L'Adolescence clémentine

suivi de L'Enfer, Déploration de Florimond Robertet et de Quatorze Psaumes
Première parution en 1987
Édition de Frank Lestringant
Nouvelle édition revue en 2007
Collection Poésie/Gallimard (no213)
Gallimard
Parution
«Une voix – de "l'élégant badinage" cher à Boileau, de trop fameuse et scolaire mémoire, il n'y a peut-être que cela à retenir : cette présence immédiate et sonore qui fait de l'œuvre de Marot, par-delà les quelques traces écrites qui nous en sont parvenues, une création essentiellement orale. Oralité féconde dont témoignent dès l'origine les rimes évoquées, senées ou batelées qui structurent maintes pièces de l'Adolescence et dont on aurait tort de dénoncer l'archaïsme voyant ; oralité d'une voix qui affirme progressivement au fil des Épîtres le ton personnel d'une confidence élégiaque ou d'un appel, depuis l'héroïde de la belle Maguelonne à son ami Pierre de Provence jusqu'à la fable dialoguée du Lion et du Rat adressée à Lion Jamet ; oralité qui éclate enfin dans la polyphonie de Chansons à rimes annexées ou couronnées – "Régente Gente", "colombelle belle" (Chanson III) – appelant l'accompagnement du luth et l'entrelacs choral. Plus tard encore dans la carrière du poète, les parallélismes que file la poésie lyrique des Psaumes réclament en chaque strophe le déploiement de la langue dans l'espace vocal du cantique.
[...] L'originalité de Marot par rapport à ses prédécesseurs ne procède ni d'une rupture ni d'une révolte libératrice, mais, de manière plus insensible et plus humble, de l'adaptation d'un langage cérémoniel et codé aux inflexions personnelles d'un chant ou d'une conversation.»
Frank Lestringant.