Journal d'une infirmière sur le front russe
Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Ceci n'est pas une histoire de la Grande Guerre. Ce n'est même pas un jugement sur la guerre, du point de vue militaire ou politique. C'est
simplement un extrait du Journal d'une infirmière de la Croix-Rouge sur le Front russe, écrit au jour le jour et où elle ne raconte que ce qu'elle a vu et éprouvé. Certains lecteurs trouveront peut-être que cet horrible et sinistre récit n'aurait jamais dû être publié. Mais le moment est venu où toute la vérité sur cette guerre et sur la façon dont elle a été menée peut apparaître à tous ; le public peut enfin savoir qu'aucune poésie, aucun idéal chevaleresque ne s'est manifesté pendant les longues années qu'elle a duré, et que, pour la Russie en particulier, elle a marqué le début d'une tragédie nationale telle que notre pays n'en a jamais connu dans toute son histoire.
C'est la Russie qui a été la véritable victime de la guerre ; c'est elle qui en a le plus souffert. La guerre l'a détruite, l'a rayée du nombre des nations civilisées d'Europe, et l'a livrée, pieds et poings liés, à une anarchie systématisée qui, depuis des années, guettait l'occasion favorable de s'emparer d'elle. Cette occasion lui a été donnée par Nicolas Il lorsque – cédant à l'influence de personnages sans scrupules – il s'est engagé dans une aventure vouée fatalement à l'échec, et que, plus tard, – obéissant toujours à ces mêmes influences – il n'a pas avoué à ses alliés que la Russie était hors d'état de continuer la lutte.
Ce Journal montre que, dès les premiers jours de la déclaration de guerre, l'incapacité et l'insuffisance de préparation du gouvernement russe, furent manifestes, et que les soldats russes ont été inutilement sacrifiés aux ambitions de leurs chefs. Il nous fait connaître les souffrances qu'ont stoïquement endurées ces soldats, jusqu'au jour où ils se sont enfin révoltés contre l'immense injustice dont ils étaient les victimes ; il nous démontre aussi que la Révolution était inévitable dès le début et que c'est en réalité l'armée qui a renversé Nicolas II.
Ce récit est très pénible, c'est incontestable, mais est-ce là une raison pour ne point le lire? Ce n'est qu'en comprenant les raisons qui ont provoqué certains malheurs qu'on pourra éviter qu'ils ne se reproduisent. Et c'est de ce point de vue que le Journal d'une infirmière de la Croix-Rouge sur le Front russe peut être de quelque utilité ; il nous fait voir d'une façon frappante tout ce qu'il y a d'horrible dans le mot : Guerre, dans ce simple mot au nom duquel tant de bonnes et belles choses ont été anéanties, et qui a fait le malheur de millions d'innocents, dont la plupart sont morts sans savoir pourquoi ni pour qui.»
Catherine Radziwill.
C'est la Russie qui a été la véritable victime de la guerre ; c'est elle qui en a le plus souffert. La guerre l'a détruite, l'a rayée du nombre des nations civilisées d'Europe, et l'a livrée, pieds et poings liés, à une anarchie systématisée qui, depuis des années, guettait l'occasion favorable de s'emparer d'elle. Cette occasion lui a été donnée par Nicolas Il lorsque – cédant à l'influence de personnages sans scrupules – il s'est engagé dans une aventure vouée fatalement à l'échec, et que, plus tard, – obéissant toujours à ces mêmes influences – il n'a pas avoué à ses alliés que la Russie était hors d'état de continuer la lutte.
Ce Journal montre que, dès les premiers jours de la déclaration de guerre, l'incapacité et l'insuffisance de préparation du gouvernement russe, furent manifestes, et que les soldats russes ont été inutilement sacrifiés aux ambitions de leurs chefs. Il nous fait connaître les souffrances qu'ont stoïquement endurées ces soldats, jusqu'au jour où ils se sont enfin révoltés contre l'immense injustice dont ils étaient les victimes ; il nous démontre aussi que la Révolution était inévitable dès le début et que c'est en réalité l'armée qui a renversé Nicolas II.
Ce récit est très pénible, c'est incontestable, mais est-ce là une raison pour ne point le lire? Ce n'est qu'en comprenant les raisons qui ont provoqué certains malheurs qu'on pourra éviter qu'ils ne se reproduisent. Et c'est de ce point de vue que le Journal d'une infirmière de la Croix-Rouge sur le Front russe peut être de quelque utilité ; il nous fait voir d'une façon frappante tout ce qu'il y a d'horrible dans le mot : Guerre, dans ce simple mot au nom duquel tant de bonnes et belles choses ont été anéanties, et qui a fait le malheur de millions d'innocents, dont la plupart sont morts sans savoir pourquoi ni pour qui.»
Catherine Radziwill.