Journal
. Extraits
, tome IV
: 1850-1853
Gallimard
Parution
Ce tome IV d’extraits du Journal de Kierkegaard couvre l’espace de temps compris entre le mois d’avril 1850 et le mois de novembre 1853. Période cruciale dans la vie du philosophe, pendant laquelle se prolonge et s’achève la grande crise religieuse de 1848.
La solitude se resserre autour de l’écrivain. Au printemps de 1850 s’éloigne son dernier confident, le philosophe Rasmus Nielsen ; et au printemps 1851, il prêche pour la dernière fois à l’église de la Citadelle : les fidèles ont du mal à l’entendre. L’effort physique l’a brisé : il renonce désormais.
Les ouvrages, d’autre part, se raréfient. Sauf l’Entraînement au Christianisme paru en octobre 1850, Kierkegaard ne publie que de courts écrits : un discours, deux sermons où se fait jour, en marge de son refus radical d’un christianisme édulcoré, un flot poétique de tendresse, survivance de son amour pour sa fiancée Régine.
Au cours de ces années, Kierkegaard prend aussi de plus en plus conscience de l’incompatibilité de son idéal chrétien et de l’existence humaine courante. Mais il s’obstine dans son rêve d’une réconciliation avec le monde, représenté par l’attachement à Régine et à l’évêque Mynster. Le souci de garder le contact avec celui-ci, de laisser le vieillard vénéré finir ses jours en paix court à travers le Journal. La fidélité à Régine s’affirme pareillement, et l’incidence de son amour sur l’allure même de l’œuvre se précise : «J’aurais bien pu dire d’emblée : je suis un auteur religieux. Mais comment l’oser après avoir, pour la soutenir si possible, monté la supercherie que j’étais une canaille! Au fond, c’est Elle, c’est mon rapport à elle qui m’a enseigné le message indirect…».
Ce n’est qu’après la mort de Mynster que Kierkegaard se résignera à faire le saut. Mais, sur son lit de mort, il maintiendra légataire universel de «tout le peu» qu’il laisse, l’ex-fiancée de jadis.
La solitude se resserre autour de l’écrivain. Au printemps de 1850 s’éloigne son dernier confident, le philosophe Rasmus Nielsen ; et au printemps 1851, il prêche pour la dernière fois à l’église de la Citadelle : les fidèles ont du mal à l’entendre. L’effort physique l’a brisé : il renonce désormais.
Les ouvrages, d’autre part, se raréfient. Sauf l’Entraînement au Christianisme paru en octobre 1850, Kierkegaard ne publie que de courts écrits : un discours, deux sermons où se fait jour, en marge de son refus radical d’un christianisme édulcoré, un flot poétique de tendresse, survivance de son amour pour sa fiancée Régine.
Au cours de ces années, Kierkegaard prend aussi de plus en plus conscience de l’incompatibilité de son idéal chrétien et de l’existence humaine courante. Mais il s’obstine dans son rêve d’une réconciliation avec le monde, représenté par l’attachement à Régine et à l’évêque Mynster. Le souci de garder le contact avec celui-ci, de laisser le vieillard vénéré finir ses jours en paix court à travers le Journal. La fidélité à Régine s’affirme pareillement, et l’incidence de son amour sur l’allure même de l’œuvre se précise : «J’aurais bien pu dire d’emblée : je suis un auteur religieux. Mais comment l’oser après avoir, pour la soutenir si possible, monté la supercherie que j’étais une canaille! Au fond, c’est Elle, c’est mon rapport à elle qui m’a enseigné le message indirect…».
Ce n’est qu’après la mort de Mynster que Kierkegaard se résignera à faire le saut. Mais, sur son lit de mort, il maintiendra légataire universel de «tout le peu» qu’il laisse, l’ex-fiancée de jadis.