Histoire des dix princes
Dasakumaracarita
Trad. du sanskrit par Marie-Claude Porcher. Introduction et notes de Marie-Claude Porcher
Collection Connaissance de l'Orient (no87)
Série indienne
Gallimard
Parution
Partis à la conquête du monde, dix princes se muent en assassins féroces, se travestissent en ascètes ou en femmes, s’envolent aux bras d’une nymphe céleste, pénètrent dans les gynécées les mieux gardés, chevauchent des éléphants furieux, affrontent des hordes sur les champs de bataille, jouent les corsaires pour anéantir une flotte adverse… Entourés d’ascètes, de magiciens, de courtisanes, d’entremetteuses, de nourrices au grand cœur ou de brâhmanes retors, ils ourdissent des stratagèmes et accomplissent des exploits pour le plus grand bien du dharma, cet ordre socio-cosmique que tout roi a mission de préserver. Avec sa verve éblouissante et sa fantaisie jaillissante, l’histoire des dix princes se donne à lire comme un roman de la royauté et renvoie à un système de valeurs et de croyances qui est celui du Veda, des épopées et des textes spéculatifs.
Voici aussi avec ce roman sanscrit du VIIᵉ siècle, le modèle achevé du kāvya en prose, de cette écriture raffinée, tissée de figures et de jeux de langage régis par une extrême codification, de cette littérature que les poéticiens définissent commme «saveur», rasa, source de délectation et de jouissance esthétique. Le rasa le plus important, c’est l’amoureux, le sṛṅgāra, illustré par le récit de Mantragupta, qui porte en sa texture même la marque de la passion. Émois délicieux de la première rencontre ou tourments de la séparation, amours traversées et bonheur de l’union, ce roman évoque tous les stades de la passion décrits dans les traités indiens.