Histoire de l'Europe
, tome I
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Au XVIIIᵉ siècle, l'Histoire était généralement exempte des passions nationales : les historiens du XIXᵉ siècle et plus que tous
les autres, les historiens allemands, s'y adonnèrent avec une croissante frénésie. Ils transformèrent en arsenaux les archives.
L'Europe du XXᵉ siècle est sans doute trop menacée, elle devient trop misérable pour le luxe monstrueusement onéreux de ses antagonismes nationaux. Elle doit prendre, et elle prendra, une conscience toujours plus claire de ses profondes solidarités.
Aux histoires de ses diverses patries, elle substituera celle de leur commun passé.
Le présent ouvrage n'est qu'une gauche introduction à ces travaux futurs, dont il salue du moins la prochaine venue.
Son premier volume considère l'Occident chrétien d'Attila à Tamerlan : c'est l'épopée de la chrétienté gothique. Entre la Louve et le Croissant, l'Europe, qu'après le désastre de Rome l'Asie menace de submerger, se ressaisit et se réforme : les Croisés poussent ses frontières jusqu'à la Syrie. Les contradictions du césaropapisme, les guerres intestines, les hérésies, la retombée de l'élan vital – dans l'lslam comme dans la Chrétienté – ouvrent une chance nouvelle à l'Asie, qui, en cinq siècles, produit les empires formidables et précaires des Khitais, des Ghaznévides, des Seldjoucides, de Gengis Khan, de Mengou, de Bajazet, de Tamerlan. Si bien qu'à la fin du XVᵉ siècle, l'Occident paraît promis aux mêmes périls qu'il avait surmontés, entre le Vᵉ et le Xᵉ siècle. Il va d'ailleurs les surmonter encore par un nouveau miracle culturel : les grandes découvertes, l'Humanisme et la Renaissance : les sédentaires l'emportent décidément sur les nomades.
Ce millénaire, si longtemps méconnu, est pourtant celui qui comporte pour nous les plus précieuses leçons : l'auteur déplore d'autant plus l'insuffisance de l'esquisse qu'il en trace.
L'Europe du XXᵉ siècle est sans doute trop menacée, elle devient trop misérable pour le luxe monstrueusement onéreux de ses antagonismes nationaux. Elle doit prendre, et elle prendra, une conscience toujours plus claire de ses profondes solidarités.
Aux histoires de ses diverses patries, elle substituera celle de leur commun passé.
Le présent ouvrage n'est qu'une gauche introduction à ces travaux futurs, dont il salue du moins la prochaine venue.
Son premier volume considère l'Occident chrétien d'Attila à Tamerlan : c'est l'épopée de la chrétienté gothique. Entre la Louve et le Croissant, l'Europe, qu'après le désastre de Rome l'Asie menace de submerger, se ressaisit et se réforme : les Croisés poussent ses frontières jusqu'à la Syrie. Les contradictions du césaropapisme, les guerres intestines, les hérésies, la retombée de l'élan vital – dans l'lslam comme dans la Chrétienté – ouvrent une chance nouvelle à l'Asie, qui, en cinq siècles, produit les empires formidables et précaires des Khitais, des Ghaznévides, des Seldjoucides, de Gengis Khan, de Mengou, de Bajazet, de Tamerlan. Si bien qu'à la fin du XVᵉ siècle, l'Occident paraît promis aux mêmes périls qu'il avait surmontés, entre le Vᵉ et le Xᵉ siècle. Il va d'ailleurs les surmonter encore par un nouveau miracle culturel : les grandes découvertes, l'Humanisme et la Renaissance : les sédentaires l'emportent décidément sur les nomades.
Ce millénaire, si longtemps méconnu, est pourtant celui qui comporte pour nous les plus précieuses leçons : l'auteur déplore d'autant plus l'insuffisance de l'esquisse qu'il en trace.