Gouverner la jeunesse

1956 en France : tous les citoyens âgés de vingt ans sont sommés d’accomplir leur service militaire en Algérie. Pour ces jeunes hommes, c’est l’entrée dans un territoire inconnu. Si l’expérience des anciens combattants d’Algérie est aujourd’hui documentée, on oublie que tous les conscrits ne venaient pas d’Hexagone mais aussi de l’Empire français et notamment des Antilles. Comment ont réagi ces jeunes Antillais face aux Algériens luttant pour l’indépendance de leur nation ? Comment ont-ils considéré ces ennemis désignés alors qu’ils pouvaient eux-mêmes être favorables à l’indépendance de la Martinique ou de la Guadeloupe ? Cette position paradoxale est l’occasion pour l’historienne martiniquaise Karine Sitcharn de faire le récit d’une jeunesse antillaise à laquelle on n’a encore jamais donné voix. Poussées révolutionnaires, activisme décolonial, mouvements pacifistes des années 1960 ont agité les jeunesses occidentales : qu’en était-il aux Antilles ? Quelles formes y prenaient les mobilisations en faveur de l’indépendance ? Et comment l’Etat est-il parvenu à conserver dans son giron les Antilles alors qu’il perdait au même moment le reste de son empire ?