Français et Africains
. Les Noirs dans le regard des Blancs (1530-1880)
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Camille Garnier
Collection Bibliothèque des Histoires
Gallimard
Parution
Une manière de légende veut que le thème de l'inégalité raciale soit étranger à la France. Cette opinion de tout repos ne résiste guère à l'examen serré de William B. Cohen, qui s'est efforcé de reconstituer les attitudes religieuses, morales, intellectuelles, économiques des Français vis-à-vis des Africains, pendant trois siècles.
Cet examen repose à la fois sur la chronologie des phases sociales (conquêtes coloniales, esclavage institué, supprimé, rétabli) et sur l'analyse des thèmes.
L'Africain «sans religion» est victime, à l'époque classique, du préjugé d'«immoralité» ou de la vieille «malédiction» de la lignée de Cham ; au siècle des Lumières et de l'ethnologie naissante, on explique son existence par le «polygénisme» ou théorie des origines multiples de l'humanité, par l'influence du milieu, par l'évolution raciale ; au siècle de la science, on lui applique enfin les théories de l'«hybridité unilatérale», de la physiognomonie humaine et simiesque, de la phrénologie : de Jean Bodin à Cuvier, à Broca, à Vacher de Lapouge, en passant par les Philosophes, le lecteur français voit se dérouler devant lui toute la généalogie de ses notions, de ses réflexes, de ses prises de position généreuses ou brutales.
Cet examen repose à la fois sur la chronologie des phases sociales (conquêtes coloniales, esclavage institué, supprimé, rétabli) et sur l'analyse des thèmes.
L'Africain «sans religion» est victime, à l'époque classique, du préjugé d'«immoralité» ou de la vieille «malédiction» de la lignée de Cham ; au siècle des Lumières et de l'ethnologie naissante, on explique son existence par le «polygénisme» ou théorie des origines multiples de l'humanité, par l'influence du milieu, par l'évolution raciale ; au siècle de la science, on lui applique enfin les théories de l'«hybridité unilatérale», de la physiognomonie humaine et simiesque, de la phrénologie : de Jean Bodin à Cuvier, à Broca, à Vacher de Lapouge, en passant par les Philosophes, le lecteur français voit se dérouler devant lui toute la généalogie de ses notions, de ses réflexes, de ses prises de position généreuses ou brutales.