Fête au Nord-Ouest
Trad. de l'espagnol par Elena de La Souchère
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
2009
Par un pluvieux crépuscule de carnaval, Dingo le saltimbanque regagne le village d'Artàmila qu'il quitta encore enfant pour suivre une troupe de gitans. Sa roulotte écrase un enfant de berger. Appréhendé par les gardes civils, Dingo, en faisant appel au maître d'Artàmila, Juan Medinao, son ami d'enfance, éveille dans l'esprit de ce dernier le souvenir du temps perdu. Le sombre maître d'Artàmila évoque son enfance maladive et son adolescence, dans la grande maison seigneuriale cernée par la muette hostilité des journaliers, la fuite de Dingo,
la brève splendeur charnelle de Salomé, la maîtresse de son père, l'enfance rebelle de Pablo, son demi-frère bâtard. Il se souvient surtout du sentiment qui le poussait vers Pablo, ce trouble penchant qui, en un adolescent infirme et tourmenté par l'obsession du péché et de la mort, n'était peut-être que le désir de s'approprier la force insouciante de l'enfant, sa «pure rectitude de flèche ou d'épi».
La fête de la moisson, la veillée funèbre, et le cortège des villageois conduisant au cimetière du nord-ouest l'enfant écrasé par la roulotte, la grève des journaliers, la fête foraine, le passage des poulains dévalant des hauteurs en manade sauvage, ces tableaux, tantôt sombres, tantôt éclatants, évoquent avec une intensité jamais atteinte l'immuable Castille, son âpre hiver et son été dévorant, sa misère et ses brusques éclats d'allégresse, son mysticisme étouffant et son désir d'évasion symbolisé par la chevauchée sans trève de la roulotte foraine emportant ses marionnettes et ses chiens savants, ses oripeaux et ses masques.
La fête de la moisson, la veillée funèbre, et le cortège des villageois conduisant au cimetière du nord-ouest l'enfant écrasé par la roulotte, la grève des journaliers, la fête foraine, le passage des poulains dévalant des hauteurs en manade sauvage, ces tableaux, tantôt sombres, tantôt éclatants, évoquent avec une intensité jamais atteinte l'immuable Castille, son âpre hiver et son été dévorant, sa misère et ses brusques éclats d'allégresse, son mysticisme étouffant et son désir d'évasion symbolisé par la chevauchée sans trève de la roulotte foraine emportant ses marionnettes et ses chiens savants, ses oripeaux et ses masques.