Félicien Marbœuf (1852-1924)
. Correspondance avec Marcel Proust
Parution
« Cher Marcel Proust,
Je me vois obligé de vous faire savoir que vous vous êtes trompé sur mon compte. Vous ne m’avez pas compris. Et votre erreur est double. Je veux dire que vous vous êtes trompé d’erreur. Et je tiens à vous éclairer, parce qu’il commence à se faire dramatiquement tard dans nos vies, sur l’espèce de votre fourvoiement. Qu’appelez-vous ma modestie ? Où en avez-vous déniché les traces ? Je ne suis pas, contrairement à ce que vous avancez, l’auteur d’À la recherche du temps perdu, non pas parce que cette assertion serait erronée dans les faits, mais tout simplement parce que je n’ai pas désiré que cela fût. On peut montrer tout autant d’ambition à ne pas faire qu’à faire. (…)
Je vous dis adieu, triste, sans rien retrancher de mon amitié,
Félicien Marboeuf »
Je me vois obligé de vous faire savoir que vous vous êtes trompé sur mon compte. Vous ne m’avez pas compris. Et votre erreur est double. Je veux dire que vous vous êtes trompé d’erreur. Et je tiens à vous éclairer, parce qu’il commence à se faire dramatiquement tard dans nos vies, sur l’espèce de votre fourvoiement. Qu’appelez-vous ma modestie ? Où en avez-vous déniché les traces ? Je ne suis pas, contrairement à ce que vous avancez, l’auteur d’À la recherche du temps perdu, non pas parce que cette assertion serait erronée dans les faits, mais tout simplement parce que je n’ai pas désiré que cela fût. On peut montrer tout autant d’ambition à ne pas faire qu’à faire. (…)
Je vous dis adieu, triste, sans rien retrancher de mon amitié,
Félicien Marboeuf »