Dieu et la NRF
(1909-1949)
Gallimard
Parution
«Il y eut un Port-Royal du VIIᵉ arrondissement. Rue Monsieur, les Bénédictines du Saint-Sacrement perpétuaient la vie recluse et le plain-chant grégorien, remis en honneur dans ce qui subsistait du Temple, après la Révolution, par Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé. Déjà Huysmans avait admiré les voix de ces moniales, quoique estimant qu’elles «roucoulaient un peu». On vit bien des écrivains et des artistes rue Monsieur, durant la première moitié de ce siècle. François Mauriac fut du nombre, et depuis la NRF qui était proche, vinrent aussi Jacques Copeau, Du Bos, Ghéon, Rivière. C’est que ce Port-Royal avait son Saint-Cyran, également austère mais d’une orthodoxie à toute épreuve, l’abbé Altermann, converti devenu convertisseur, qui officiait le dimanche. Il confessait, conseillait, dirigeait, on ne résistait guère à son zèle et à son autorité. En voisin, rue Vaneau, Gide put observer cette contagion dont il se protégea sans peine, qui souvent l’irritait. L’abbé Altermann et Gide se rencontrèrent, sans se convaincre bien entendu, mais paraissant s’estimer, petit dialogue entre le Diable et Dieu, courtois pour une fois.»
José Cabanis.