D'une nuit noire et blanche
Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Une nuit, à la fin de l’été, sur la côte provençale où souffle le mistral, le poète – puisqu’il faut l’appeler par son nom – est tenu éveillé. Comme chacun en pareil cas, il remâche ses soucis. Que les siens prennent forme imagée et rythmée, c’est fatalité d’état : la mer est
proche ; et aussi la cinquantaine!
Cette nuit, durée conventionnelle, pendant laquelle les phantasmes suscitent le poème, se révèle «critique». D’une sensation immédiate aux impressions les plus lointaines, du souvenir tout frais aux troubles réminiscences, de bords ensoleillés à des quais brumeux, elle réfléchit et fait basculer, kaléidoscope mélancolique, rêves, désirs, échecs ; tournant à la secrète remise en cause des raisons de vivre.
D’où l’invocation nervalienne, la dernière qu’ait laissée à notre entendement le poète des Chimères : «Ne m’attends pas ce soir car la nuit sera noire et blanche.» L’appropriation, ici, se prête au double sens, propre et figuré, avec cette différence, essentielle, que le matin attend le veilleur et son acte de foi lucide.
Pour intime que s’avoue l’élégie, elle ne désespère pas de fournir prétexte à sentiments communs : «Ô insensé qui crois que je ne suis pas toi! – Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!» Sinon, hors de l’épique ou du descriptif, quel poète oserait livrer au public ses hantises, qu’elles soient diurnes ou nocturnes?»
Luc Estang.
Cette nuit, durée conventionnelle, pendant laquelle les phantasmes suscitent le poème, se révèle «critique». D’une sensation immédiate aux impressions les plus lointaines, du souvenir tout frais aux troubles réminiscences, de bords ensoleillés à des quais brumeux, elle réfléchit et fait basculer, kaléidoscope mélancolique, rêves, désirs, échecs ; tournant à la secrète remise en cause des raisons de vivre.
D’où l’invocation nervalienne, la dernière qu’ait laissée à notre entendement le poète des Chimères : «Ne m’attends pas ce soir car la nuit sera noire et blanche.» L’appropriation, ici, se prête au double sens, propre et figuré, avec cette différence, essentielle, que le matin attend le veilleur et son acte de foi lucide.
Pour intime que s’avoue l’élégie, elle ne désespère pas de fournir prétexte à sentiments communs : «Ô insensé qui crois que je ne suis pas toi! – Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère!» Sinon, hors de l’épique ou du descriptif, quel poète oserait livrer au public ses hantises, qu’elles soient diurnes ou nocturnes?»
Luc Estang.