Correspondance

(1915-1963)
Édition de Pierre Caizergues et Ioannis Kontaxopoulos
Coédition Gallimard / Musée national Picasso-Paris
. Ouvrage édité avec le soutien de la Fondation d’entreprise La Poste
Collection Art et Artistes
Gallimard
Parution
Cette correspondance croisée entre Pablo Picasso (1881-1973) et Jean Cocteau (1889-1963), en grande partie inédite, rassemble 450 pièces enrichies de documents et d'illustrations rares. Substantiellement annotée et commentée, elle court de 1915 à la mort de Cocteau et apporte de ce fait des compléments utiles à leur biographie. La relation qui s'instaure entre les deux artistes est d'emblée dialectique : Picasso consolide chez Cocteau un vocabulaire nouveau, celui de l'avant-garde et de la modernité. Cocteau initie Picasso aux arts du théâtre. Leur collaboration dans Parade (1917) se trouve à l'origine de l'une des plus belles périodes créatrices de l'œuvre de Picasso, son « rappel à l'ordre » selon l'heureuse formule de Cocteau. Ensuite, qu'elles soient « propagandistes », comme Guernica (1937) et Le Charnier (1945), ou conceptuelles, comme les sculptures construites d'assemblages hétéroclites, les œuvres de Picasso suscitent chez Cocteau des réflexions peu connues encore aujourd'hui. Or, envisager Picasso et son œuvre à travers les écrits de son compagnon de route ne peut qu'apporter un regard neuf sur tous les deux : parlant de Picasso, Cocteau médite sur sa propre esthétique et sur sa propre éthique. Mieux, la syntaxe plastique de Picasso trouve chez Cocteau une équivalence littéraire. Il ressort de la contextualisation de la correspondance que son œuvre graphique porte souvent l'empreinte tantôt de sa réflexion critique sur le maître espagnol, tantôt de l'influence qu'il subit. Le travail de Picasso n'est pas, lui non plus, exempt d'influence née du style de Cocteau : le goût de l'invention, la virtuosité verbale étourdissante de paradoxes, d'images et de trouvailles de style du poète marquèrent l'univers du peintre.