Congo noir et blanc

Gallimard
Parution
L'Occident égocentrique, malade d' une culture étanche, est-il encore capable d'engager le dialogue avec autrui? Telle est la question qui a conduit Alain Gheerbrant en Afrique Centrale après que, aux mêmes latitudes, il eut exploré l'Amérique. Si la réponse est non, dit-il, nous ne pourrons que consommer notre faillite. Si elle peut être oui, nous renaîtrons à un nouvel humanisme.
Une telle quête ne peut être menée sans rigueur et certaines pages très sévères de Congo noir et blanc choqueront ceux qui s'y retrouveront. Mais l'amour du poète, conscient du miracle permanent de la vie, tempère toujours dans ce livre les jugements du moraliste.
Déja bien des Indiens inconnus révélèrent le secret de leur âme à l'auteur d'Orénoque-Amazone. Ici ce sont les hommes blancs et noirs d'un monde plus proche de nous qui tour a tour lui répondent, comme ils ne l'avaient peut-être encore jamais fait pour personne. Le Père X, missionnaire du fleuve Kasaï, révèle le drame où se débat son apostolat. Un pêcheur, plus loin, dialogue avec ses poissons et la nature qui, elle aussi, nous dit l'auteur, a droit à la parole. Le plus grand géologue du Katanga, prisonnier des secrets de l'uranium, dévoile le vide de sa vie intérieure. Monsieur Lempereur, maltre de la centrale du diamant, Monsieur Désirant, maître des pêcheries paradisiaques du lac Albert, les pygmées irréductibles et les petites sœurs du Sacré-Cœur, vouées à eux au bord de la grande forêt, tels sont quelques-uns des acteurs de ce théâtre noir et blanc qui se déploie dans ce livre hors de toute censure.
Au-delà des erreurs du paternalisme colonialiste, un mariage reste possible entre l'Occident et le reste du monde. Nous traversons une crise de la culture occidentale, totalement refermée sur elle-même. Il faut rétablir le dialogue rompu des Blancs avec les Noirs qui, plus que nous, ont sauvegardé leur être intégral.
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