Brûlebois
Première parution en 1930
Nouvelle édition en 1934
Gallimard
Parution
«Pour ce qu’on dit être noblesse de l’humaine espèce, j’en verrois mieux paraître le signe au souci honneste de quelque vraye perfection pour quoi nature a construict un chacun.»
Ainsi, au dire du maître, la nature humaine n’est jamais si déshéritée qu’elle ne trouve en elle-même quelque passion honnête par où elle puisse prétendre à une perfection particulière. Il reste à faire le départ entre les passions honnêtes et les passions mauvaises. Nombre de celles-ci n’ont pas mérité leur réputation, mais aucune n’a pâti des rigueurs de l’opinion plus injustement que la passion du vin. Les moralistes, avec une incroyable légèreté, sur des apparences purement extérieures, telles que nez bourgeonné, dilatation d’estomac, delirium tremens s’accordent à condamner l’abus des boissons fortes et, bornés à des conclusions immédiates, prêchent dans l’ignorance des chemins sensibles, hantés de soleil et de rêves, et d’inhumaines géométries, qui mènent de la cause à l’effet. Voilà pourquoi Marcel Aymé entreprend de nous restituer en noblesse et en beauté l’ambition magnifique de boire à sa soif. Brûlebois, le tendre alcoolique dont il nous entretient, poursuit en pleine conscience de «la vraye perfection pour quoi la nature l’a construict», et jusqu’au martyre, son extraordinaire vocation d’ivrogne. Et, aux sermons désolants portés par le vent sec d’Amérique, Brûlebois oppose avec candeur son haleine incomparablement parfumée de gros vin.
Ainsi, au dire du maître, la nature humaine n’est jamais si déshéritée qu’elle ne trouve en elle-même quelque passion honnête par où elle puisse prétendre à une perfection particulière. Il reste à faire le départ entre les passions honnêtes et les passions mauvaises. Nombre de celles-ci n’ont pas mérité leur réputation, mais aucune n’a pâti des rigueurs de l’opinion plus injustement que la passion du vin. Les moralistes, avec une incroyable légèreté, sur des apparences purement extérieures, telles que nez bourgeonné, dilatation d’estomac, delirium tremens s’accordent à condamner l’abus des boissons fortes et, bornés à des conclusions immédiates, prêchent dans l’ignorance des chemins sensibles, hantés de soleil et de rêves, et d’inhumaines géométries, qui mènent de la cause à l’effet. Voilà pourquoi Marcel Aymé entreprend de nous restituer en noblesse et en beauté l’ambition magnifique de boire à sa soif. Brûlebois, le tendre alcoolique dont il nous entretient, poursuit en pleine conscience de «la vraye perfection pour quoi la nature l’a construict», et jusqu’au martyre, son extraordinaire vocation d’ivrogne. Et, aux sermons désolants portés par le vent sec d’Amérique, Brûlebois oppose avec candeur son haleine incomparablement parfumée de gros vin.