Bizet

Préface d'Alain
Collection Leurs Figures
Gallimard
Parution
Le 3 juin 1875, Bizet meurt, âgé de 37 ans. C'est son existence bouillonnante et créatrice que, dans des pages vives et pénétrantes, nous retrace Paul Landormy. On voit Bizet, jeune pensionnaire à la Villa Médicis, puis se lançantà la conquête de Paris, et, enfin, mourant d'une maladie mystérieuse au moment où il va atteindre un succès qu'il a tant désiré. Il y a dans Bizet deux personnages : d'une part, un homme de génie, «génie mystérieux et purement musical» ; d'autre part, un jouisseur presque farouche qui veut la gloire très vite. Ce que Paul Landormy a mis admirablement en relief, c'est la lutte entre ce génie et ce caractère, puis la victoire finale du génie avec Carmen, dont Nietzsche disait : «J'ai entendu, hier, pour la vingtième fois, le chef-d'œuvre de Bizet. À l'entendre, on devient soi-même chef-d'œuvre. Cette musique me semble parfaite.»
L'étude de Paul Landormy n'a rien du fade ou vague panégyrique. C'est une œuvre de critique d'un style brillant et d'une grande portée. Son double but est de donner un portrait ressemblant du grand compositeur et une analyse définitive de sa musique. Ce double but, un musicologue érudit et sensible comme Paul Landormy ne pouvait manquer de l'atteindre. Dans une première partie, qui est un modèle de biographie critique, telle que l'entendait Sainte-Beuve, il nous montre un Bizet avide de gloire et d'argent, se tuant au travail et ne reculant pas devant les concessions au public ; dans une seconde partie, il nous donne une analyse minutieuse de ses principales œuvres : œuvres symphoniques, pièces de piano et de chant, Les Pêcheurs de perles, La jolie Fille de Perth, Djamileh, L'Arlésienne et, enfin, Carmen.