Antoine et Cléopâtre
Trad. de l'anglais par André Gide
Collection Blanche
Gallimard
Parution
CLÉOPÂTRE
Donnez-moi ma robe, couronnez-moi. J’ai soif
De bien plus que la mort. Jamais plus maintenant
Le vin de la grappe d’Égypte ne rafraîchira mes lèvres.
Fais vite, ma chère Iras, fais vite et bien. Je crois entendre
Antoine qui m’appelle. Je le vois qui se dresse
Pour m’applaudir d’agir si noblement. Je l’entends qui raille
La chance de César, ce bien que n’octroient les dieux
Qu’en justification de prochaines colères. Ah, mon époux,
Je viens ! Que mon droit à ce mot,
Mon courage le prouve. Je suis feu, je suis air,
Et à la simple existence mortelle
J’abandonne mes autres éléments… En avez-vous fini ?
Prenez alors la dernière chaleur
Que dispensent mes lèvres. Adieu, bonne Charmian,
Adieu, un long adieu, Iras.
(Acte V, scène 2)
Donnez-moi ma robe, couronnez-moi. J’ai soif
De bien plus que la mort. Jamais plus maintenant
Le vin de la grappe d’Égypte ne rafraîchira mes lèvres.
Fais vite, ma chère Iras, fais vite et bien. Je crois entendre
Antoine qui m’appelle. Je le vois qui se dresse
Pour m’applaudir d’agir si noblement. Je l’entends qui raille
La chance de César, ce bien que n’octroient les dieux
Qu’en justification de prochaines colères. Ah, mon époux,
Je viens ! Que mon droit à ce mot,
Mon courage le prouve. Je suis feu, je suis air,
Et à la simple existence mortelle
J’abandonne mes autres éléments… En avez-vous fini ?
Prenez alors la dernière chaleur
Que dispensent mes lèvres. Adieu, bonne Charmian,
Adieu, un long adieu, Iras.
(Acte V, scène 2)