Alice

. Aveugle, sourde, muette
Gallimard
Parution
La privation de la vue est une infirmité qui émeut toujours les voyants. Pour leur sembler moins cruelle, la surdité pourrait bien avoir des conséquences autrement graves. En tout cas, on serait loin du compte en ajoutant l'infirmité de l'aveugle à celle du sourd, pour mesurer la disgrâce d'être privé de la fonction des yeux et des oreilles à la fois.
Plusieurs de ces cas comme celui d'Helen Keller, sont célèbres. Celui de l'aveugle sourde – et du même coup muette – d'Alsace, que le Père Lelong a suivi durant plus d'un quart de siècle, est plus tragique qu'aucun de ceux qui ont été étudiés et écrits jusqu'à présent.
À l'âge de sept ans, Alice n'avait manifesté aucun sentiment humain d'aucune sorte. Sans communication avec les autres, elle était retranchée dans un monde étranger inaccessible. Il faudra vingt mois d'efforts acharnés pour que l'enfant arrive à établir un rapport entre un signe sur la main et un bonbon. Comment tout le reste des connaissances et des expériences du cœur et de l'âme est-il entré dans l'esprit de l'aveugle sourde-muette? Autrement dit : comment comprendre et se faire comprendre rien qu'avec le sens du toucher? penser et échanger des idées par la peau?
C'est un problème qui se pose ici dans le vif. Il y en a bien d'autres, aussi bouleversants, qui font de cet ouvrage non pas seulement une lecture poignante, mais un récit d'exploration dans des régions inconnues de ce monde, infiniment plus lointaines que les espaces interstellaires : l'Homme.
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