À travers les persiennes

Trad. de l'espagnol par Annie Brousseau
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
Comment vivent les jeunes filles d'Espagne? Quelles sont leurs pensées, leurs aspirations? Dans À travers les persiennes (Prix Nadal 1957), Carmen Gaite répond à ces questions. À la suite de Pablo, jeune professeur récemment arrivé dans une ville de province pour donner des cours au lycée de jeunes filles, le lecteur regarde «à travers les persiennes». Il pénètre dans les intérieurs provinciaux et participe à l'existence d'un groupe de jeunes filles, à leurs conversations futiles, à leurs divertissements, à leurs désillusions. Dans le cadre de leur vieille cité historique, avec sa cathédrale, sa rivière et ses ruelles étroites sillonnées par de noires silhouettes de prêtres et de femmes en deuil, les jeunes filles de la nouvelle génération espagnole, encore soumises à d'oppressantes conventions familiales et religieuses, sont néanmoins tentées par la vie moderne, telle qu'elles l'entrevoient au cours de brèves vacances à Saint Sébastien ou à Madrid, ou à travers les films et les récits des touristes.
Trois silhouettes de femmes traversent le rêve éveillé où se complait Pablo. Rosa, l'entraîneuse, la «mauvaise femme» de la ville, Natalia, une adolescente romanesque, et Elvira, une jeune fille un peu plus âgée, complexe et fantasque comme une héroïne de Dostoïevski.
Cette esquisse en demi-teintes de la vie provinciale se présente sous la forme d'une narration impersonnelle dans laquelle s'insèrent des fragments des journaux intimes de Natalia et de Pablo. Cette technique nouvelle, qui permet de projeter sur les mêmes épisodes des éclairages divers, contribue à créer une impression d'étrangeté, de mystère, autour des protagonistes et de la vieille cité enveloppée dans la brume d'automne.