Ce premier roman de Rodolfo Celletti, critique musical de réputation internationale à la Scala, nous introduit dans l’univers précaire, toujours menacé, des grands exécutants : chanteur, acteur de cinéma, de théâtre, monde de la «dolce vita» où toutes les femmes sont élégantes et jolies, les hommes enjôleurs et séduisants. L’intrigue se noue alors que ces hommes et ces femmes, adolescents glorieux de l’époque fasciste, se retrouvent vers la quarantaine. Une image de l’amour, très différente de celle que nous offrent les romans, mais extraordinairement pareille à la vie : un amour qui dure à travers les années, à la fois solide et persistant comme le roc mais sans cesse interrompu par le hasard, par la lâcheté du cœur humain qui, trop attaché à ses petites habitudes quotidiennes, craint de s’engager. Une mélodie sourde et contenue, d’une discrétion souvent déchirante, affleure par instants dans des dialogues pleins de vie et de spontanéité, qui tranchent sur cette ambiance entièrement vouée à l’artifice.