40 sous de bonheur

Gallimard
Parution
Le bonheur dans la misère est d'une qualité spéciale. C'est peu de chose, mais ceux qui n'ont rien ne sont pas exigeants : seulement un semblant de rêve, une dérision de vie. Elle est peu de chose, ici, dans la "zone" où l'existence est un écrasement de tous les jours, sans espoir, une épouvante. Pourtant des gens vivent là-dedans, des gens comme nous. Ils vivent comme nous, avec les mêmes joies, les mêmes haines, mais la détresse arrange tout ça. Ça fait une petite vie calme, avec le supplice de tous ces jours qui viennent régulièrement, inexorablement.
Ici, tout est ignoble et pourri. La mort n'est que le petit côté de cette aventure de vie. Cependant cette vie est tenace puisqu'elle est faite comme la nôtre, mais avec du vide tout autour et du désespoir : du désespoir dont, là-bas, ils ne doivent pas se soucier.
Ils souffrent trop alors, le malheur devient trop absolu. Celui de M. Gustave est fait de trop penser. Le bonheur de Ninon de ne pas penser. Celui des gars Poils-Mous, Milou ou Ernest d'agir. Ceiui de Titine d'espérer. On peut bien se faire des illusions puisque ça ne coûte que 40 sous, madame Poisson la tireuse de cartes ne prend que 40 sous, même si on les trouve dans le fumier.
40 sous de bonheur : ça ne vaut pas plus, l'illusion ne dure pas longtemps, mais ça fait toujours respirer quelques jours...
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