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Rencontre avec Anne Wiazemsky, à l'occasion de la parution de Aux quatre coins du monde Gallimard Aux quatre coins du monde constitue le second volet de Une poignée de gens Anne Wiazemsky Dans le roman précédent, j'avais volontairement laissé mes personnages un peu en plan, avec une fin abrupte. En fait, j'avais derrière la tête le sentiment qu'ils allaient revenir, qu'ils allaient me réclamer une suite, et c'est ce qui s'est passé. Gallimard Est-ce véritablement une suite ? Anne Wiazemsky Oui et non. Ce sont les mêmes personnages, mais le roman est complètement indépendant du précédent. D'autre part, il n'y a plus de personnage contemporain qui vienne se mêler à la narration, et les personnages qui sont ici au premier plan n'étaient qu'esquissés dans Une poignée de gens. Gallimard Dans Aux quatre coins du monde, le temps semble suspendu Anne Wiazemsky En effet, le roman aurait pu
s'intituler « Chronique d'une attente ». Tous attendent quelque
chose, sans savoir précisément quoi. La menace est là,
mais elle est imprécise. Gallimard En arrière-plan du roman se profile un épisode historique très mal connu Anne Wiazemsky Personne ou presque n'a entendu
parler de l'évacuation des réfugiés russes de Crimée
par la flotte anglaise à Yalta. Cette intervention s'explique par
les liens familiaux qui existaient entre la famille régnante anglaise
et la famille du tsar : l'épouse d'Alexandre III, mère de
Nicolas II, était sur de la reine d'Angleterre. Gallimard Pourtant, il s'agit là de l'histoire de votre propre famille Anne Wiazemsky C'est vrai, mais j'ai dû réinventer les personnages parce que je ne les ai presque pas connus. Par exemple, je ne sais à peu près rien de ma grand-mère, morte quand j'avais sept ans. J'ai donc accompli une démarche réfléchie : comment raconter tel ou tel personnage, associée à beaucoup d'intuition romanesque. Et je me suis abondamment nourrie de mémoires et de correspondances de l'époque, ce qui m'a confirmé dans ma sensation que, même au plus fort de la tourmente, la vie quotidienne, avec ses petites histoires, est la plus forte. Gallimard Était-ce une façon de vous retrouver ? Anne Wiazemsky Le « pourquoi » intime du livre est sans doute de reconstituer une histoire dont on ne m'avait jamais rien dit et que j'ai redécouverte par hasard et très tardivement. Du coup, j'ai été passionnée par ce que j'ai pu apprendre, et surprise, aussi, de réaliser que mon père, qui est mort quand j'avais quinze ans, ne m'en ait jamais parlé. Il y avait là comme un secret. Au fond, je pense que l'oubli faisait partie de leur désir de s'adapter. © www.gallimard.fr, 2001
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