André Breton (1896-1966)
« Je crois à la résolution future de ces deux états en apparence contradictoires que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l'on peut dire ainsi. » André Breton eut le don d'éveil permanent, la volonté de communauté créatrice, la fascination du savoir. L'exploration de l'inconscient, l'écriture automatique, l'expérience des sommeils, les jeux surréalistes sont témoins de cette quête de l'ailleurs, de l'au-delà de la réalité.
André Breton est né le 18 février 1896 à Tinchebray, dans l'Orne. Ses origines sont bretonnes et lorraines. Élevé d'abord à Saint-Brieuc, par son grand-père maternel, il a quatre ans quand sa famille s'installe à Pantin. En 1906, il entre au collège Chaptal. À dix-sept ans, en 1913, il suit les cours du P.C.N., porte d'entrée des études médicales. Trois poèmes, dont un sonnet dédié à Paul Valéry, paraissent en mars 1914 dans La Phalange de Jean Royère. En 1915, mobilisé dans l'artillerie, il fait ses classes à Pontivy, puis est versé dans le service de santé à Nantes. Il entre en correspondance avec Guillaume Apollinaire et fait une rencontre capitale, celle de Jacques Vaché. Affecté, en 1917, au centre psychiatrique de l'armée à Saint-Dizier, il s'initie à la psychanalyse.
Rappelé à Paris, il fait, auprès d'Apollinaire, la connaissance de Philippe Soupault et celle d'Aragon dans la librairie d'Adrienne Monnier. Tous trois collaborent à Nord-Sud, revue qu'anime Pierre Reverdy. En 1919, André Breton publie Mont de piété, où s'affirme sa rupture avec la poétique mallarméenne, dans le temps même où, ayant fortuitement découvert l'écriture automatique, il écrit avec Philippe Soupault Les Champs magnétiques, qui paraît en 1920.
Avec Aragon et Soupault, il a créé en mars 1919 la revue Littérature, qui, en un an, passe de la recherche encore éclectique du « moderne » au soutien et à l'affirmation du mouvement Dada. En septembre 1921, Breton épouse Simone Kahn. Il a déjà pris quelque distance avec Dada, mais la rupture ouverte avec Tzara n'intervient qu'au début de 1922. Dès ce temps, autour de Littérature, nouvelle série, un groupe est constitué, dont Le Manifeste du surréalisme (1924) explicite les positions et les interrogations. Dès lors, l'histoire de Breton et celle du surréalisme se mêlent de façon indissoluble. C'est de cette période que date la publication des Pas perdus. La rencontre avec Nadja, rue Lafayette, en octobre 1926, est à la source d'un livre (Nadja, 1928) qui pose déjà les problèmes essentiels soulevés par le surréalisme : le rapport de la poésie et de la vie, le hasard, l'amour.
Avec Aragon et Soupault, il a créé en mars 1919 la revue Littérature, qui, en un an, passe de la recherche encore éclectique du « moderne » au soutien et à l'affirmation du mouvement Dada. En septembre 1921, Breton épouse Simone Kahn. Il a déjà pris quelque distance avec Dada, mais la rupture ouverte avec Tzara n'intervient qu'au début de 1922. Dès ce temps, autour de Littérature, nouvelle série, un groupe est constitué, dont Le Manifeste du surréalisme (1924) explicite les positions et les interrogations. Dès lors, l'histoire de Breton et celle du surréalisme se mêlent de façon indissoluble. C'est de cette période que date la publication des Pas perdus. La rencontre avec Nadja, rue Lafayette, en octobre 1926, est à la source d'un livre (Nadja, 1928) qui pose déjà les problèmes essentiels soulevés par le surréalisme : le rapport de la poésie et de la vie, le hasard, l'amour.
Reconnaissant, depuis la guerre du Maroc (1925), la nécessité d'une action politique, Breton entre en 1927 au parti communiste, dont l'exclusivisme idéologique entraîne assez vite son éloignement. Il n'en continue pas moins, difficilement, à collaborer avec le Parti sur divers problèmes (question coloniale, réflexion sur la littérature), jusqu'à la rupture définitive lors du Congrès pour la défense de la culture en juin 1935. De ces débats, Le Second Manifeste du surréalisme (1929) — suivi de ruptures et de nouvelles arrivées — comme Les Vases communicants (1932) portent la marque. En 1932 également, se consomme sur ces mêmes questions la rupture avec Aragon. La rencontre avec Jacqueline Lamba, qui est au centre de L'Amour fou, a lieu le 29 mai 1934. C'est aussi le moment où se confirme l'audience internationale du surréalisme : voyage à Prague, aux îles Canaries, auquel se réfère le chapitre V de L'Amour fou. Aube, fille d'André Breton et de Jacqueline, naît à la fin de 1935 : c'est à elle que s'adresse le dernier texte du livre.
En 1937, Breton dirige quelque temps une galerie surréaliste rue de Seine, à l'enseigne freudienne de Gradiva. En 1938, il est chargé de conférences sur la littérature et l'art au Mexique, où il rencontre plusieurs fois Trotski et écrit avec lui le manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant. Au retour, il rompt avec Paul Éluard. Au moment de la guerre de 1939, André Breton est mobilisé à Poitiers. Après la débâcle, il est l'hôte à Marseille « du Comité de secours américain aux intellectuels », où il retrouve Brauner, Max Ernst, Masson, Péret. En 1941, il parvient à s'embarquer pour la Martinique, où règne le régime de Vichy ; il y est d'abord interné, mais a le temps de découvrir Aimé Césaire, avant de partir pour les États-Unis. L'exil à New York est marqué par une exposition surréaliste en 1942 et la création de la revue VVV. Et c'est à New York, en 1943, qu'il rencontre Élisa, inspiratrice de la méditation d'Arcane 17. Après leur mariage, ils reviennent à Paris en 1946. Contre la mode de l'époque, Breton répudie l'asservissement aux directives d'un parti, ce qui ne l'empêchera pas d'être présent dans les combats du temps, avec une rigueur qui ne fléchit jamais. Il apporte en particulier son soutien à la lutte du Vietnam pour son indépendance, et pour un temps aux efforts de Gary Davis, le citoyen du monde, comme au combat de la Hongrie contre le joug soviétique. Des expositions, des revues marquent l'activité surréaliste d'après-guerre. Pendant la guerre d'Algérie, André Breton est un des premiers signataires du Manifeste des 121.
Au printemps de 1966, Breton fait un court voyage en Bretagne. En septembre, il est hospitalisé à Lariboisière, où il meurt le matin du 28. Ses obsèques ont lieu le 1er octobre au cimetière des Batignolles. Le faire-part de décès portait ces seuls mots :
ANDRÉ BRETON
1896-1966
Je cherche l'or du temps