Pour la libération de Boualem Sansal
L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été arrêté à Alger le 16 novembre 2024 par les autorités algériennes, qui l'ont ensuite incarcéré et inculpé. Il est aujourd'hui en prison et sa demande de libération a été refusée le 11 décembre. Ce qu'on lui reproche ? Sa liberté d'expression, ses prises de position, ses écrits.
Tous attachés à la liberté de création et de publication, à la protection de la vie culturelle et du débat intellectuel, nous ne pouvons tolérer qu'une voix critique et talentueuse comme la sienne puisse ainsi subir un tel arbitraire judiciaire.
Nous devons tout faire pour aider à la libération de l’écrivain Boualem Sansal.
Une Société de soutien international à Boualem Sansal a été créée le 2 décembre 2024, à l’initiative des Éditions Gallimard et présidée par Antoine Gallimard. Elle a pour objet de permettre à chacun d’apporter sa contribution à la défense judiciaire à venir de l’écrivain franco-algérien, en Algérie, en France et auprès des Institutions internationales, et à toute action de communication internationale en faveur de la libération de Boualem Sansal.
Communiqué des Éditions Gallimard, 22 novembre 2024
Les Éditions Gallimard, éditeur de l’œuvre littéraire de Boualem Sansal depuis la parution du Serment des barbares il y a vingt-cinq ans, expriment leur très vive inquiétude à la suite de l’arrestation de l’écrivain par les services de sécurité algériens et appellent à sa libération immédiate.
Ses romans, ses essais, ses écrits de paix et de tolérance ont mis au jour les obscurantismes de tous ordres qui affectent tragiquement la marche du monde, la conduite des peuples et la vie des individus. Plus que jamais nous saisissons aujourd’hui la très grande portée de cette œuvre et le courage exemplaire des positions de son auteur. Nous devons à Boualem Sansal d’avoir appelé les choses par leur nom ; et c’est bien sa liberté et son tempérament d’écrivain, attaché aux vérités humaines, historiques et scientifiques, que le régime algérien sanctionne aujourd’hui avec le plus grand arbitraire.
Boualem Sansal avait accédé il y a quelques mois à la nationalité française. Mais il restait profondément attaché aux siens, à sa maison proche d’Alger et à son pays auquel il a consacré toute son œuvre. Sa liberté de mouvement n’était pas plus négociable que sa liberté de parole ; elles marchaient d’un même pas.
Boualem Sansal est une grande voix internationale de la francophonie et de l’universalisme ; son œuvre a été deux fois récompensée par l’Académie française, ainsi qu’en 2011, par le prix de la Paix des libraires allemands à Francfort.
Voilà que la littérature se trouve être à nouveau la victime toute désignée des régimes autoritaires, qui font toujours du mensonge et de l’oubli un instrument d’oppression. Réunis il y a quelques jours au siège de nos Éditions dans la joie de l’attribution du prix Goncourt à Houris, les deux amis Boualem Sansal et Kamel Daoud paient aujourd’hui très cher leur liberté d’écrivains.
Comme à l’égard des grandes voix engagées du passé, de Voltaire à Albert Camus et jusqu’à Milan Kundera, nous devons nous sentir leurs obligés.
Nos pensées les plus émues s’adressent, depuis notre maison, à notre ami Boualem Sansal et aux siens.
Les Éditions Gallimard, 22 novembre 2024