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À lire dans le dernier numéro de La NRF

La NRF, septembre 2025

Correspondances : le temps retrouvé ? avec Marcel Proust, Nathacha Appanah, Hélène Dorion, Mohamed El Khatib, Akira Mizubayashi...

Le 25 septembre 2025 en librairie.

Éditorial, par Olivia Gesbert

Lisez le monde avec ceux qui l’écrivent ! Et commençons par le monde intérieur des écrivains tel qu’il se révèle dans leurs lettres. Territoire plus intime, espace de projection des désirs ou des pensées, la correspondance rend lisible un dialogue à distance, en différé.

Amateur passionné de la forme épistolaire, Marcel Proust est l’un des auteurs les plus prolifiques du genre. Dans un échange inédit, l’écrivain essaie de convaincre le tout premier éditeur, Gaston Calmann-Lévy, de son tout premier livre, Les Plaisirs et les jours (1896), de revoir certaines clauses du contrat qui les lie. Il plaide, argumente, mais n’obtient pas gain de cause. Scène de la vie littéraire. Nous sommes en 1918 et la guerre qui s’achève n’apparaît nullement dans ces lignes. Suivent deux lettres de Jacques Rivière qui disent toute l’admiration de l’érudit directeur de La NRF, mort il y a cent ans, pour l’auteur de la Recherche, mais aussi la complicité des deux hommes et la joie sincère éprouvée par cet éditeur de l’ombre quand Proust obtient la lumière du Goncourt.

Et vous, écrivez-vous (encore) ? Un siècle après Proust, des écrivains remettent la correspondance à l’honneur. Dans un monde où tout s’accélère, les auteurs de ce numéro d’automne de La NRF retrouvent à leur tour le temps d’écrire des lettres réelles ou imaginaires. D’exprimer à un père ce qui n’a jamais pu être dit, comme le metteur en scène Mohamed El Khatib. De s’adresser entre amis, comme Étienne Kern et Philippe Manevy, une déclaration d’affinités électives. À un écrivain décédé avant qu’il ait pu le rencontrer, Akira Mizubayashi témoigne de son influence et lui exprime sa reconnaissance. Nathacha Appanah ressuscite les souvenirs heureux de quelques lettres échangées avec son traducteur anglais. Joffrine Donnadieu et Guéorgui Gospodinov correspondent quant à eux avec des personnages de fiction, des êtres chimériques habitant l’espace mental de leur vie, tandis que la poétesse Hélène Dorion a accepté de publier trois lettres écrites à sa complice québécoise Marie-Claire Blais, partie il y a quatre ans. Il en ressort des instants de bonheur, quelque chose d’essentiel et d’universel, « le sel de la vie » pour Françoise Héritier. Un pas de côté dans cette grande et belle rentrée littéraire 2025, pour situer autrement ces auteurs et découvrir une nouvelle dimension de leur travail, la langue comme refuge, le temps qui passe et la mémoire retrouvée.

Cette mémoire qui infuse toute l’œuvre d’Eva Jospin. Exigeante, patiente, méticuleuse, l’artiste plasticienne a choisi d’approfondir une forme, la forêt, et un matériau, le carton. Mondes d’interconnexion, dans ses grottes comme dans ses broderies XXL résonnent les vers de Correspondances de Baudelaire : « La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles ; / L’homme y passe à travers des forêts de symboles / Qui l’observent avec des regards familiers. » Éloge de la répétition, son travail entre art et artisanat perpétue un savoir-faire qui se transmet, dit-elle, par les gestes et non dans les livres. Réflexion qu’elle complète d’une citation de Kierkegaard : « L’amour de la répétition est en vérité le seul heureux. […] L’espoir est un habit neuf, raide et serré, étincelant, bien qu’on ne l’ait jamais porté et que, par conséquent, on ignore s’il vous va ou s’il vous siéra. Le ressouvenir est un vieil habit qui, si beau soit-il, ne vous va plus, car vous avez grandi. La répétition est un habit inusable qui vous tient comme il faut tout en restant souple, sans vous étouffer ni ballonner. » (La Reprise, 1843)

En sculptant la matière, Eva Jospin crée des récits. Comment ne pas y voir une correspondance avec l’écriture d’Anne Serre, attirée elle aussi par l’univers des contes, du merveilleux, et qui, de livre en livre, prolonge une tapisserie « tout en or », mêlant événements de la vie et événements rêvés. « Pendant longtemps, confesse-t-elle, j’ai eu le sentiment que je ne possédais que la moitié de mon art. Ce qui me manquait, c’était de savoir lier le songe à l’expérience. » Correspondances : le temps retrouvé ? Un numéro d’automne entre rêves et réalité.

 

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