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Le code de Katharina de Jørn Lier Horst. Entretien

« C’étaient les photos de la cuisine qui le laissaient le plus perplexe. Un verre de lait et une assiette avec une tartine sur le plan de travail. La chaise qu’occupait Katharina d’habitude légèrement écartée, et sur la table, un stylo-bille et ce que tout le monde appelait désormais le code de Katharina. Wisting observa la photocopie du document les yeux mi-clos. Une série de nombres répartis sur trois lignes verticales. Jusqu’ici personne n’avait réussi à en comprendre la signification. Wisting retourna la photocopie, comme si cette fois, ça allait être différent, comme si cette fois, il allait comprendre. »

Dans cette nouvelle enquête, William Wisting tente de déchiffrer un cryptogramme laissé par une femme disparue il y a près d’un quart de siècle, ce qui fait penser aux cryptogrammes bien réels du Zodiac, un serial-killer californien…

J’ai toujours été fasciné par les mystères et les énigmes, les messages cachés, les patterns secrets. Le titre Le Code de Katharina pourrait aisément évoquer un tueur en série laissant des cryptogrammes mystérieux ou une confrérie secrète dans le style de Dan Brown, mais il s’agit ici d’un code légèrement différent. Le point de départ de cette histoire est ce qu’on qualifie souvent de « disparition sans laisser de traces ». Une telle disparition est bien sûr un grand mystère en soi, mais je me suis dit : et si cette disparition n’était pas sans traces ? Si la personne disparue en avait au contraire laissé et si ces traces ne faisaient qu’épaissir le mystère ? Dans le cas présent, il s’agit d’un bloc-notes resté sur la table de la cuisine de Katharina Haugen, là où elle avait l’habitude de s’asseoir. Elle a orné la première page de quelques griffonnages devenus énigmatiques dès lors qu’elle n’était plus là pour les expliquer. Les chiffres et symboles de cette page ont donc été qualifiés de code de Katharina. Et si vous, lecteur, résolvez ce code, vous résoudrez l’énigme.

Ce premier cold case va entrer en collision avec un second, encore plus ancien, investigué par un jeune policier ambitieux et peu scrupuleux, Stiller, avec lequel Wisting va devoir travailler malgré tout…

Avec Adrian Stiller, l’univers policier s’étend et je dévoile un peu plus la dynamique interne de la police, ce qui se déroule derrière des portes closes. Stiller est un enquêteur différent de Wisting. Pour lui, l’enquête est plutôt un jeu, et il n’en respecte pas forcément toutes les règles. Il n’a pas peur de monter les acteurs les uns contre les autres, que ce soit la police contre la presse, la police contre la police ou la presse contre la presse. Il a ses motivations cachées, ses secrets. C’est un personnage dont on ne sait pas d’emblée si on doit l’apprécier ou non.

Très vite, on a le sentiment que tout le monde manipule tout le monde : Stiller, Wisting, sa fille Line, les journalistes… Mais le manipulateur suprême n’est-il pas le suspect n°1 ?

Oui, on peut dire sans se tromper que ce roman parle de manipulation et de mensonge. Du fait que nous mentons tous, que ce soit en exagérant, en minimisant, en ajoutant ou en retranchant un peu. Mais que se passe-t-il chez quelqu’un qui vit avec un grand secret, qui porte un mensonge toute sa vie ? Il devient probablement quelqu’un de solitaire, parce que sa vie est un parcours du combattant dans un champ de mines, il a constamment peur de faire un faux pas, d’être démasqué.

L’affaire va se dénouer grâce à l’alliance de l’expérience de Wisting et des technologies les plus modernes…

Bien que Le Code de Katharina soit une histoire de cold case, je voulais écrire un roman policier moderne. Je décris donc pour la première fois les méthodes secrètes d’investigation les plus récentes de la police, comme l’infiltration, les écoutes, la surveillance. En parallèle, la fille de Wisting se voit chargée de faire un podcast de true crime. Le podcast est un support médiatique moderne. Le Code de Katharina est le premier roman policier scandinave où un podcast fait partie de l’action.

Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier

Ancien inspecteur de la police, Jørn Lier Horst connaît parfaitement les rouages du système. Il est considéré comme le digne héritier d’Henning Mankell. Le Code de Katharina est le cinquième volet des enquêtes de William Wisting, publiées à la Série Noire et en Folio Policier.

Entretien réalisé avec Jørn Lier Horst à l'occasion de la parution du Code de Katharina.

© Gallimard