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Collection Le Promeneur

À qui suit les pas du Promeneur se dévoile une bien singulière bibliothèque. Patrick Mauriès y recueille, depuis plus de quinze ans, ses découvertes et ses plaisirs de lecteur inspiré — en une approche qu'il dit lui même «intempestive» de la littérature. La littérature ? un espace d'enquêtes et d'errances, de terres inconnues et de sentiers abandonnés, menant parfois «à la minuscule silhouette d'un personnage [— l'auteur —] que ses choix avaient mis à l'écart, tenu en réserve». Mais prenons garde : dans l'éclectisme choisi du Promeneur, il rentre autant de goût pour le baroque et le bizarre, pour le rare et l'unique que d'admiration prolongée pour des auteurs aussi singuliers que Friedrich Glauser, Mario Soldati, Louise de Vilmorin, Giorgio Manganelli ou Peter Ackroyd.
Sous son enseigne paraissent deux collections : celle, éponyme, du «Promeneur» et «Le Cabinet des lettrés» créé en 1991. Elles sont sœurs par leur conception graphique et le souffle qui les anime ; mais elles diffèrent par leur format et la mesure des œuvres qu'elles recueillent — la seconde proposant de préférence des textes plus courts ou de moindre diffusion. Aujourd'hui, la bibliothèque du Promeneur réunit plus de 250 ouvrages.

Création : 1988
Nombre de titres parus : 175
Nombre d'auteurs édités : 100 (hors collectif)
Ventes depuis parution : 171 800 ex.
Meilleure vente : J.M.G. Le Clézio. La Fête chantée et autres essais de thème amérindien (1997) : 19 400 ex.

Les premiers titres :
Vincenzo Consolo. Le Retable et Lunaria (mars 1988)

Toutes les parutions

«Seuls nous importaient les anonymes des bibliothèques, les œuvres innombrables que n'avait pas retenues, fossilisées, la théologie de la littérature, ces stylistes admirables qu'oblitérait provisoirement l'étiquette de "mineurs". Il nous revenait de réparer les oublis, de reporter au jour les œuvres enfouies, de troubler les hiérarchies, les images exemplaires destinées à faciliter l'administration générale des lettres…» (Patrick Mauriès, Le Vertige, Gallimard, 1999)

D'hier à aujourd'hui

Le Promeneur fut d'abord le titre d'une revue créée en 1981 par un jeune normalien, Patrick Mauriès, disciple de Roland Barthes, bientôt responsable des pages littéraires de Libération. Avec son amie Michèle Hechter, romancière et traductrice, et fort du soutien de l'éditeur Franco Maria Ricci (avec qui il lancera FMR, revue de grand prestige), il imagine et anime cette petite gazette, façon XVIIIe siècle, «une petite feuille qui paraissait tous les mois et reflétait ma bibliothèque réelle et imaginaire.» La revue devient maison d'édition en 1988, d'abord liée au groupe propriétaire des Éditions du Quai Voltaire (Edima) puis accueillie comme collection en 1991 chez Gallimard — et installée au 26, rue de Condé dans l'hôtel historique du Mercure de France.
Attaché à l'édition d'art la plus exigeante, lui-même bibliophile éclairé, Patrick Mauriès réserve le plus grand soin à la qualité de réalisation de ses projets éditoriaux. Il confie au designer milanais Pier Luigi Cerri le soin de concevoir la ligne graphique de ses collections : couverture blanche ou grise, à rabats, sur un papier vergé orné d'une illustration en couleurs, elle-même encadrée d'un simple gaufrage ; mince filet rouge délimitant les mentions d'auteur et de titre.
Composé à la manière d'un cabinet de curiosités, de proche en proche, la bibliothèque du «Promeneur» témoigne autant des enthousiasmes de son maître d'œuvre que de la permanence de ses goûts. Première prédilection : les récits de voyages, les mémoires, souvenirs et chroniques de l'époque moderne et révolutionnaire… et plus généralement tout ce qui relève d'une approche singulière d'une époque, offrant un éclairage inhabituel, portés par la beauté d'un style, l'originalité d'un regard ou d'une situation, sur une période donnée. C'est ainsi qu'il s'est employé à redonner une nouvelle audience à l'œuvre un peu oubliée de cet insigne, mais secret, personnage du XVIIIe siècle que fut Vivant Denon. Plus près de nous, les quatre volumes des Minutes de François Sentein livrent le regard, vigilant et ironique, d'un jeune homme sur l'Occupation, «mouton noir» au témoignage duquel «Le Promeneur» ne pouvait se soustraire. Attentif à toutes les formes de «marginalités», la collection peut se faire aussi l'écho de pratiques ou de formes d'expression réputées «déviantes» (les stupéfiants, avec Schivelbusch, également auteur d'une histoire des voyages en train et d'un essai sur l'éclairage artificiel ; les Gays Savoirs) et prêter attention à des aspects oubliés et autres reliquiae d'œuvre d'écrivains majeurs (les Césars de l'opiomane De Quincey, les Salons de Stendhal). Ce penchant pour l'étrange, pour le merveilleux dans l'érudition, s'exprime aussi par la publication d'essais et d'études singuliers : Essais d'Elia du romantique anglais Charles Lamb, Trois cas de Mort soudaine de Frank Gonzales-Crussi, Trivia de Logan Pearsall Smith, Une voix derrière la scène de Mario Praz, Le Cabinet des merveilles de Monsieur Wilson de Lawrence Weschler. Enfin, une petite « Bibliothèque des libertins érudits » se constitue chemin faisant, avec la publication successives de textes de Jean-Jacques Bouchard, François de La Mothe Le Vayer et de Gabriel Naudé.

Mais éclectisme n'est pas dispersion. «Le Promeneur» suggère des haltes auprès d'œuvres sûres et reconnues, tantôt devenues rares, tantôt délaissées. Les publications des œuvres complètes d'Heinrich von Kleist ou du poète Olivier Larronde, «météore au ciel de la poésie», la reprise de plusieurs textes de Louise de Vilmorin ressortissent à cette approche. Autre halte marquée : la littérature italienne du XXe siècle, des romans de l'ex-futuriste Palazzeschi, l'auteur des Sœurs Materassi, et des textes inédits en langue française de Giovanni Comisso, aux grands romanciers de l'après-guerre que furent Mario Soldati et Ennio Flaiano, tous deux attachés à l'avant-garde cinématographique italienne. Quant à la création contemporaine, elle est notamment représentée par le premier auteur de la collection, le Sicilien Vincenzo Consolo, puis par Giorgio Manganelli, qui fut avec Alberto Arbasino un des membres du très expérimental «groupe 63», et par Rosetta Loy. À noter également, l'intérêt du «Promeneur» pour quelques intellectuels italiens au parcours singulier : Piero Camporesi, Giovanni Macchia, Mario Praz, Federico Zeri…
Très bon connaisseur de la littérature anglo-saxonne, Patrick Mauriès a rendu plus familier aux lecteurs francophones le cercle de Bloomsbury, les romantiques anglais et soutient avec opiniâtreté l'œuvre de l'un des plus fins lettrés que connaisse aujourd'hui l'Angleterre, Peter Ackroyd. Bien loin de ses raffinements se situent les romans policiers et les récits autobiographiques de l'Autrichien Friedrich Glauser (1896-1938), le père du rude inspecteur Jacob Studer.
On ne saurait enfin omettre la part des œuvres et de la critique artistiques, auxquelles s'est ouvert «Le Promeneur» dès ses débuts. Albums d'illustrateurs ou de peintres (Mollino, Pierre Le-Tan, Pierre Skira, Christian Lacroix), études sur la décoration et l'esthétique du quotidien (Mauriès, Jullian, Mérot), carnets d'artiste (Carnets d'Afrique de Miquel Barcelo) et essais et documents divers (Francis Bacon de Daniel Farson ; Trois essais sur le style d'Erwin Panofsky…) en constituent la trame, tissée par un directeur de collection que l'on peut résolument qualifier d'esthète.

Brèves

  • Paradoxe : alors que le nom de la collection évoque un homme en marche, la figure portée sur chaque couverture de la collection reproduit la silhouette d'un lecteur du XVIIIe siècle, assis. La lecture comme voyage intérieur.
  • Le Promeneur avant «Le Promeneur» : trente-deux titres parurent chez l'éditeur de 1988 à 1991 ; on y trouve déjà quelques auteurs fidèles de la collection : Ackroyd, Comisso, Glauser, Savinio…
  • On ne sera pas surpris de retrouver plusieurs auteurs du «Promeneur» dans la collection «Le Cabinet des lettrés» : Connoly, De Quincey, Le-Tan, Manganelli, Soldati.
  • Certains ouvrages consacrés à des illustrateurs sont présentés sous coffrets carrés : Le-Tan, Les Styles de Mauriès et Lacroix...
  • Pierre Le-Tan a signé l'illustration de plusieurs couvertures des romans de Mario Soldati. Il ne s'agit pas alors de vignette mais d'illustration pleine page.
  • Patrick Mauriès fut par ailleurs l'un des animateurs des Éditions Rivages (collection «Galerie») et le responsable des éditions françaises de Thames & Hudson.

Les Italiens du «Promeneur» : romanciers, essayistes, artistes et historiens

Piero Camporesi (1926-1997) — Giovanni Comisso (1895-1969) — Vincenzo Consolo (né en 1933) — Sergio Ferrero (né en 1926) — Ennio Flaiano (1910-1972) — Carlo Emilio Gada (1893-1973) — Rosetta Loy (née en 1931) — Giovanni Macchia (né en 1912)

Giorgio Manganelli (né en 1922) — Luigi Meneghello (né en 1922) — Carlo Mollino (1905-1973) — Aldo Palazzeschi (1885-1974) — Mario Praz (1896-1982) — Alberto Savinio (1891-1952) — Mario Soldati (1906-1999) — Federico Zeri (1921-1998)

L'histoire au «Promeneur»

Essais, documents et témoignages historiques : Véritable vie privée du maréchal de Richelieu — Vies remarquables de Vivant Denon — Les Ambassadeurs vénitiens et Les Agents secrets de Venise de Giovani Comisso — Les Césars de Thomas De Quincey — Voyage en Sicile etVoyage dans la basse et la haute Égypte pendant les campagnes du général Bonaparte de Dominique Vivant Denon — Histoire de la société française pendant le Directoire d'Edmond et Jules de Goncourt —Journal d'un voyage à Paris en 1814 de Jean Henry — Les Jeux des Grecs et des Romains de Wilhelm Richter — Histoire des voyages en train, Histoire des stimulants et La Nuit désenchantée de Wolfgang Schivelbusch

Histoire de l'art : Les Belles contrées de Piero Camporesi — La Grottesque d'André Chastel — Les Sept merveilles du monde de Peter A. Clayton et Martin J. Price — Francis Bacon, aspects d'une vie de Daniel Farson — Retraites mondaines. Aspects de la décoration intérieure à Paris au XVIIe siècle d'Alain Mérot — Goût néoclassique de Mario Praz

L'art et la littérature au «Promeneur»

Albums, critiques d'art : Les Styles de Philippe Jullian — Essais et débris sur la plage et Catalogue Le-Tan de Pierre Le-Tan — Sur un fond blanc de Vera Linhartová — Éloge de la lumière. Rencontres entre les arts de Giovanni Macchia — Styles d'aujourd'hui de Patrick Mauriès et Christian Lacroix— Polaroïds de Carlo Mollino — Trois essais sur le style d'Erwin Panofsky — L'Atelier du voyage. Les Peintres en Orient au XIXe siècle de Christine Peltre — Traité d'incertitude de Pierre Skira — Salons de Stendhal — Le Cabinet des merveilles de Monsieur Wilson de Lawrence Weschler — J'avoue m'être trompé de Federico Zeri

Histoire et critique littéraires : L'Insignifiance tragique de Florence Dupont — Le Temps et les œuvres de Carlo Emilio Gadda — Tableaux vivants de Pierre Klossowski — Le Théâtre de la dissimulation de Giovanni Macchia — Énigmes romaines. Une lecture d'Ovide de Pierre Maréchaux — Une voix derrière la scène de Mario Praz — Le Très Curieux Jules Verne de Marcel Moré

Les albums du «Promeneur»

Ouvrages illustrés parus au format 215 x 215 mm., brochés et parfois sous coffret illustré : La Grottesque d'André Chastel — Les Sept merveilles du monde de Peter A. Clayton et Martin J. Price — Les Styles de Philippe Jullian — Épaves et débris sur la plage de Pierre Le Tan — Styles d'aujourd'hui de Patrick Mauriès et Christian Lacroix

Louise de Vilmorin. Un album de Patrick Mauriès — Retraites mondaines d'Alain Mérot — Polaroïds de Carlo Mollino — Les Antécédents idéologiques de la calandre Rolls-Royce et Trois essais sur le style d'Erwin Panofsky — Goût néoclassique et Une voix derrière la scène de Mario Praz

À propos de la bibliothèque idéale  

Des écrivains amis ont accepté, à l'occasion du vingtième anniversaire du Promeneur, de renouer avec le fil d’une enquête lancée par Raymond Queneau dans les années 1950 et de s’interroger à leur tour sur le futur de la bibliothèque (idéale ou non) et des livres tels que ceux que persiste à publier Le Promeneur.
Il y a un demi-siècle, Raymond Queneau interrogeait les écrivains majeurs de son époque sur leur définition d'une bibliothèque idéale. Face aux contraintes économiques dont le livre est toujours plus ouvertement l'objet, à la multiplication et à la dématérialisation des nouveaux moyens d'information, à la redéfinition générale du champ culturel, quel est selon vous l'avenir de cette «bibliothèque» — idéale et purement singulière à la fois — à laquelle Queneau voulait encore croire ?

Alberto Arbasino

ET QUEL EST L’AVENIR DE L’AUTOMOBILE IDÉALE, alors, dans les villes de plus en plus piétonnisées, où seuls auront accès les ambulances et les pompiers ? Comment se déplaceront-ils, les futurs vieux zombies sans le sou ? Que pourront-ils lire, et comment, et où, et combien, et quand ?
Ainsi donc, à un certain âge, regardant mes nombreux murs couverts de milliers de livres, et de gravures et de «lithos» désormais chères achetées pour peu «ce jour-là», je pourrais comparer les prix sur les catalogues de «modernités» et de ventes aux enchères. Et me demander : que pourraient en faire mes héritiers et neveux, qui ont appartements et maisons de campagne et fermes déjà tout équipés ?
Bien sûr, pour quelqu’un qui n’est plus jeune, toute «bibliothèque idéale» est un autoportrait : j’ai là des volumes avec dédicace de Gadda et Palazzeschi, T. S. Eliot et George Cukor, Mauriac et Cocteau. À d’autres «monstres sacrés du XXe siècle», je ne demandais pas d’autographes, parce que j’avais déjà leurs lettres, données comme il se doit au Fondo Manoscriti de l’université de Pavie. De la même manière que, chaque mois, j’expédiais à un vieil ami, directeur émérite d’un illustre collège pavesan, un carton de tout nouveaux livres reçus en hommage.
Queneau lui-même, il y a un demi-siècle, me disait que la littérature a peut-être une ou plusieurs fonctions, et nombre de dysfonctions, si pour la société tout entière les œuvres complètes de Malherbe ne comptent pas plus que le bilboquet. On pourrait donc lui demander aujourd’hui : faut-il vendre «au mieux» certaines éditions princeps de Minuit ou José Corti, ou bien les télécharger sur le Web ? Et, ayant acquis en d’autres temps de nombreux «originaux» de Piranèse, Füssli, Maurice Denis, Max Klinger, Max Beerbohm, Fantin-Latour, Félicien Rops, Benjamin West, et des miniatures indiennes certifiées, et des tirages «numérotés» de Klimt, Schiele, Lichtenstein (notamment chez Ileana Sonnabend, boulevard Saint-Germain), en vérifier les prix ? Et les cadeaux des amis artistes, comme Guttuso, Pasolini, Testori, Scialoja, Fioroni, Tornabuoni…
Ma bibliothèque «idéale» est ici, dans les maisons. Avec les livres dédicacés, les estampes, les manuscrits, la correspondance, les autographes, et même certaines tapisseries utilisées comme tapis. Son avenir est évidemment une vente (plus lucrative que les placements en actions) en bloc ou par lots. Espérons que je ne serai plus là.

Alberto Arbasino

Tash Aw

LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE SERAIT PETITE, transportable et réduite, contenant une sélection réfléchie de livres – un peu comme l’une de ces bibliothèques de voyage qui sont à l’usage des communautés isolées n’ayant pas accès aux bibliothèques traditionnelles.
Chaque livre dans cette bibliothèque mobile devrait donc présenter un intérêt universel : chacun doit pouvoir parler aux lecteurs quelle que soit la destination de la bibliothèque, car l’universalité est ce qui demeure au cœur de cette bibliothèque, et ce qui garantira son avenir. La bibliothèque idéale doit être aussi appropriée à Milan qu’à Pékin.
Nous voici donc confrontés au problème de l’universalité, clef de presque tout si notre bibliothèque doit survivre dans l’avenir. On ne peut définir ce qui fait qu’un livre est universel, bien sûr, ainsi nos choix sont nécessairement orientés par l’instinct plus que par la raison. Je me surprends en train de réfléchir à cela chaque fois que je suis à Jakarta, à Shanghai ou dans les campagnes de Malaisie : cela intéresserait-il les gens qui sont dans la rue autour de moi s’ils lisaient un jour rien qu’une page de George Eliot ? Ou de Proust ? Je ne pense pas. Les livres et les auteurs qui m’intéressent ne sont pas nécessairement ceux que l’on trouverait dans la bibliothèque idéale. Il est difficile de l’expliquer par la logique, mais il y a des œuvres qui parlent à tous, et d’autres non. C’est le cas pour Jane Austen, malgré son «anglicité» ; ce n’est pas le cas pour Thomas Hardy, à cause de son «anglicité». C’est le cas pour Tolstoï, ce n’est pas le cas pour Dostoïevski. C’est le cas pour Camus, ce n’est pas le cas pour Céline. C’est le cas pour Li Po, ce n’est pas le cas pour Du Fu – et ainsi de suite.
Ce n’est pas une question d’accessibilité, ou de ce qui est facile à comprendre ou facile à traduire, mais c’est une question d’esprit. Dans un temps donné, il y a des livres et des écrivains qui semblent incarner ce que vivre dans notre monde signifie, et d’autres non. Dickens, pendant si longtemps si central dans le paysage littéraire anglais, me parut ridicule quand adolescent je fus obligé de le lire en Malaisie. Il ne me paraît pas plus important maintenant que j’ai trente ans et que je vis en Grande-Bretagne.
Ainsi de temps en temps la bibliothèque idéale doit être revisitée ; des livres doivent être abandonnés et remplacés avant que la bibliothèque ne s’envole pour un nouveau voyage. La précieuse collection doit être dépouillée jusqu’au point de sa forme la plus pure, chacun de ses éléments y signifiant quelque chose d’universel, comme le principe qui gouverne le jardin zen : rien d’autre ne peut être ajouté ou retiré.

Tash Aw

John Banville

DURANT MON ENFANCE à Wexford, une petite ville du coude sud-est de l’Irlande, mon havre était la bibliothèque municipale, qui occupait une seule pièce de la mairie, château gothique dix-neuvième imposant mais quelque peu ridicule. Pour accéder à la bibliothèque, il fallait grimper un escalier assez majestueux, monumental, qui passait devant des bureaux continûment occupés par des gratte-papiers kafkaïens, et traverser un corridor tapissé de linoléum où mes chaussures produisaient d’horribles craquements qui mettaient mon naturel discret au supplice. Mais une fois que j’étais entré dans la bibliothèque, toutes hontes et toutes souffrances disparaissaient. Il y avait une large fenêtre en face de la porte, si bien qu’en entrant on était frappé par un grand mur de lumière blanche scintillante, qui rétrospectivement m’apparaît comme une fanfare collective envoyée en héraut par tous ces mots qui attendaient sous toutes ces couvertures.
Les trois bibliothécaires, la Principale et ses deux Assistantes, étaient de charmantes personnes, qui me prêtaient clandestinement leurs exemplaires personnels des livres qui avaient été interdits par la censure d’État – objets innocents, je le dis tout de suite, comme les Nouvelles romaines d’Alberto Moravia, les nouvelles de Maupassant, ou bien l’un des atroces mélanges de péché et de repentance de Graham Greene. Et puis, la Première Assistante Bibliothécaire avait un derrière merveilleusement généreux, offrant aux plus chaudes rêveries d’un petit garçon un support confortable.
Les livres que j’empruntais allaient des histoires de Billy Bunter à un ouvrage important sur Ulysse, sans doute une thèse de doctorat américaine, consacrée aux parallèles entre Leopold Bloom et Sherlock Holmes, et Stephen Dedalus et Dr Watson. Il y avait un ravissant exemplaire relié des poèmes de Dylan Thomas que je convoitais avidement, que je cachai derrière les étagères et, au bout de six mois, volai – j’ai toujours ce livre quelque part –, acte qui pesait sur ma conscience avec tant de persistance que, voulant me rattraper, j’ai fait un petit legs à la bibliothèque.
La voilà donc dans mon souvenir, la Bibliothèque municipale de Wexford, à l’odeur de colle et de papier, de vernis de sol et du parfum enivrant de la Première Assistante, resplendissant de la lumière du temps perdu, et toujours, après toutes ces années, mon idéal de bibliothèque.

John Banville

Yves Bonnefoy

UNE BIBLIOTHÈQUE IDÉALE ? Celle qui prolongerait par ses livres non tant la construction de soi de la personne qui la possède, que sa façon de se questionner, de s’éprouver. Celle que l’on aurait critiquée, jour après jour, au lieu de la laisser s’accroître selon des vœux de surface, voire au hasard. Une qui serait une œuvre, avec toute l’ambiguïté de ce mot : recherche du vrai, consentement à quelques mirages, retour critique sur ces derniers.
J’ai eu deux amis qui avaient de la bibliothèque cette conception exigeante. L’un, Gilbert Lely. Comme il ne disposait que de peu de place, mais aussi parce qu’il pensait qu’au-delà d’un certain point le regard ne voit plus avec suffisamment d’intensité, de précision, de rigueur, Gilbert s’était imposé de n’avoir que mille livres, exactement mille. Voulait-il en accueillir un nouveau, il lui fallait sacrifier un des anciens, et choisir lequel. Je l’ai vu plusieurs fois procéder à ce sacrifice. Il allait et venait silencieusement dans sa chambre. Puis, tout d’un coup, il s’arrêtait devant la bibliothèque, étendait le bras, prenait avec la rapidité et l’infaillibilité d’un oiseau de proie l’ouvrage qui allait, en somme, périr. Quelques objets, très peu, des photographies, un ou deux coffrets, une pierre, étaient posés sur les rayons devant Baudelaire, Nietzsche, Shakespeare, Sade. Absurde cette façon de faire, non. Mille, en ce cas, c’était une forme travaillant sur une matière. Et de grands poèmes sont nés d’une forme fixe creusant comme un soc une masse confuse de pensées et d’émotions, inventant ainsi, découvrant.
J’aimais les façons de Gilbert, mais je me sentais tout de même davantage d’affinité avec celles de l’admirable Lucien Biton, dont la splendide bibliothèque, un de ces monuments qui paraissent et disparaissent sans que mémoire en demeure, a été une des grandes chances de ma vie. Biton lui non plus n’avait guère de place : deux ou trois petites pièces dans une maison modeste, rue du Théâtre. Et il n’avait jamais eu qu’un maigre salaire dans une banque. Mais du ras du sol au plafond dans son appartement s’éployaient les plus importants autant que les plus rares des livres qui depuis, disons, le dernier tiers du XIXe siècle, avaient étudié la pensée grecque, celle surtout des sophistes, la philosophie médiévale, le romantisme allemand, les religions et les arts de l’Inde, de la Chine et du Japon, les sociétés primitives. Il y avait dans un recoin la patrologie du Père Migne, achetée au papier quand Biton à Nantes, apprenti tailleur, n’avait que quinze ou seize ans. Sur une haute étagère c’étaient les imposants volumes des Proceedings of the Smithsonian Institution, qui ont failli faire de moi un étudiant des Indiens de l’Amérique du Nord. Et des tirés à part sans nombre, où se retrouvaient les premiers signes émis par Mauss, Lacan, Kojève, que sais-je ? Avec encore tout un ensemble de revues et plaquettes dadaïstes, surréalistes, que quelques jeunes gens venaient consulter, accueillis avec indulgence. Comment tout cela était-il arrivé rue du Théâtre ? Chaque soir, à sa sortie du Crédit Lyonnais, boulevard des Italiens, Lucien Biton, tout petit, précédé du nœud papillon qui surmontait son gilet bizarre et franchement démodé, faisait le tour des bouquinistes de la rive droite, pénétrant des arrière-cours, remuant de vieilles brochures, trouvant des livres précieux qu’il allait garder ou échanger.
Biton n’a rien écrit. Lisait-il ? Oui, puisqu’il extrayait des articles de revues vieilles ou récentes, pour les brocher et leur rendre vie. Oui, puisqu’il savait toujours, quand je le lui demandais, quel était l’ouvrage qui m’éclairerait, me formerait. Il percevait la beauté du Popol-Vuh dans la traduction d’Ernest Raynaud. Celle du Livre des morts de l’ancienne Égypte dans la traduction de Paul Pierret.
Biton lisait. Mais c’était la lecture d’une bibliothèque par elle-même. La conscience de soi de ce qui, grâce à son auteur, avait accédé à l’être, et devrait donc mourir un jour, hélas, comme tous les êtres vivants. Il n’y a pas de bibliothèque idéale mais il y a des bibliothèques qui ont eu la chance de vivre.

Yves Bonnefoy

Les réponses au questionnaire ont été publiées dans Description raisonnée d’une jolie collection de livres (Éditions des Cendres/Le Promeneur, 2009). Outre les textes des huit écrivains présentés ici, vous y trouverez ceux de : Pietro Citati, Florence Delay, Erri De Luca, H. M. Enzensberger, Gérard Macé, Alberto Manguel, Laurent Mauvignier, Elisabetta Rasy, Julián Río, Jacques Roubaud, Adam Thirlwell, Colm Toibin, François Vallejo et Edmund White.

Traductions de l'anglais par Clarisse Barthélemy, traduction du texte d'Alberto Arbasino par Dominique Férault.

Marc Augé

CHER MONSIEUR,

Je ne fréquente plus guère les locaux de l’EHESS et, faute de secrétariat, un courrier trop abondant s’y accumule. C’est à la faveur d’une des explorations auxquelles je me livre de temps à autre que je viens de trouver votre lettre à laquelle je m’excuse de ne pas avoir répondu. J’imagine qu’il est trop tard pour donner suite à votre proposition, d’autant que je vais bientôt partir jusqu’à la mi-janvier aux États-Unis.
Je ne pourrais répondre à votre «enquête», pour être sincère, qu’à partir de ma pratique effective. Sur une île déserte, je serais protégé des sollicitations de l’actualité, alors qu’aujourd’hui il m’arrive de céder à la curiosité et de lire (ou de feuilleter) tel ou tel ouvrage trouvé en librairie ou recommandé par un ami (je me méfie des critiques de la presse écrite ou télévisée). Je ne suis pas un de ces lecteurs comme il en existe : fidèles depuis longtemps à une œuvre qu’ils lisent et relisent sans cesse parce qu’ils y trouvent de quoi alimenter leur réflexion. J’aurais du mal aujourd’hui à relire Homère ou Lucrèce dans le texte.
Mais dans la situation par nature largement hypothétique qu’évoquait Queneau, je citerais volontiers l’Iliade ou l’Odyssée (plutôt l’Odyssée, à cause de son côté «récit de voyage»). Pour le reste, je donnerais sans doute la préférence à des écrivains du mouvement, entendant par là ceux qui font bouger leurs personnages : Stendhal, Melville ou Conrad.
En situation d’insularité forcée, il me semble que je renoncerais à des auteurs qui me sont chers, comme Gracq, Proust ou Leiris, ainsi qu’aux philosophes, parce que j’aurais tout loisir de me livrer moi-même à l’introspection, aux considérations sur le temps et au sentiment de l’attente.
En vous renouvelant mes excuses, je vous prie de croire, cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les plus dévoués.

Marc Augé

Jean-Christophe Bailly

AUCUNE BIBLIOTHÈQUE «IDÉALE» n’aura jamais, je pense, la valeur de salut, ou même de résurrection, qui aura été celle de ces petites bibliothèques dont après les camps, alors qu’il était encore relégué, Varlam Chalamov retrouva l’usage, dans des villages ou des hôpitaux : peu de livres en tout cas autant que le bref récit que par ironie sans doute (lui qui jamais n’eut sa propre bibliothèque) Chalamov intitula Mes Bibliothèques disent quelle force vitale peut être celle de la lecture. En tout cas, c’est à l’aune d’une telle nécessité – et non à celle du confort bourgeois d’un bon fauteuil installé entre des rayonnages bien garnis – que peut s’évaluer l’importance du fait qu’existent des bibliothèques, autrement dit des lieux – publics ou privés – où sont conservés des livres et, autant que possible, des livres provenant d’une infinité de domaines et d’idiomes : pas d’autre «bibliothèque idéale», en somme, que celle résultant de l’impossible somme de toutes ces bibliothèques.
18 miles of books est-il écrit sur les marque-pages offerts par la librairie Strand à New York (qui fonctionne d’ailleurs un peu comme une bibliothèque de consultation). Or, comme on le sait, ce n’est rien, rien encore. Même si, bien entendu, l’idéalité (l’idée d’une perfection pensable) n’habite auprès de la quantité qu’en s’en distinguant, en s’en évadant, c’est pourtant en son sein qu’elle peut naître. Le Livre (qui n’est pas l’idée la plus subtile qu’un écrivain ait pu avoir) est un enfant de la multitude, un fils prodigue des bibliothèques. Sans doute, ce que l’on finirait par pouvoir considérer comme une bibliothèque idéale n’occuperait à tout prendre que quelques mètres, mais pourtant il faut l’envisager autrement, tout autrement que comme une sélection : dispersée à travers la totalité des rayons présents et à venir, la bibliothèque idéale ne donne pas consistance à une aire réservée, il faut la concevoir plutôt comme une suite de ricochets que chaque lecteur réinvente.
Il se peut que l’espace de cette réinvention continue soit menacé, et je ne pense pas tant à la destruction pure et simple (qui reste une menace suspendue) qu’à une sorte d’effacement progressif ou d’infernal et prodigieux oubli. Mais que pouvons-nous faire ? Certainement pas dresser des murailles de professions de foi humanistes et creuses, certainement pas non plus entonner le chant nostalgique d’un âge du livre qui ne serait plus. Peut-être simplement travailler à éliminer des livres ce qui les assimile à de purs et simples produits jouant leur rôle dans la reproduction sociale, peut-être et simplement affiner la performance du sens pour affirmer, par-delà, la singularité de cet incroyable objet que le livre demeure.

Jean-Christophe Bailly

Pierre Bergounioux

NOUS SOMMES LES TÉMOINS, sinon les protagonistes, d’une triple révolution, avec l’extension au monde entier de l’économie en vue du profit, Internet et l’éventuelle destruction des conditions de la vie sur terre. C’est sur ces prémisses que les enfants d’aujourd’hui agiront demain comme leurs devanciers l’ont fait dans les contextes successifs, datés et situés, où ils ont tenté l’aventure.
Pour nous, formés à l’écriture manuelle, à son support de pulpe de bois, il n’est plus temps. Nous restons les contemporains de Queneau, c’est-à-dire de l’âge du bronze, qui a transféré la parole de l’air atmosphérique, impalpable, oublieux, à la durabilité tangible, visible, de l’argile, du papyrus, des peaux d’animaux. Avec le numérique, elle va retrouver son immatérialité originelle sans perdre la spatialité que les caractères cunéiformes, idéographiques et alphabétiques lui avaient conférée. On voit déjà partout, dedans mais dehors, aussi, sur les chantiers, dans les express régionaux et les TGV, sur les bancs des jardins publics, le nouveau lecteur, son ordinateur portable sur les genoux, ouvert à l’information comme jamais on ne l’avait été, comme, à vingt ans d’ici, on ne l’aurait seulement rêvé.
Une rubrique particulière justifie peut-être l’attachement anachronique au papier, la persistance, physique et mentale, de la bibliothèque idéale que les princes de la Renaissance et de l’absolutisme, les bourgeois des Lumières, les intellectuels du siècle des Révolutions, de celui des loups – le XXe – avaient rassemblée et qui, en retour, les a constitués. Cette rubrique, c’est la littérature, l’explicitation, appuyée sur la lettre, de ce que toute vie enferme, inévitablement, de trouble et de ténèbres, de tensions, d’incertitudes et de contradictions. Le grand texte n’est pas un, sous l’apparence uniforme, océanique des polices normalisées. Certains écrits sont à double tranchant. Ils ne se bornent pas à relever les contours, à fixer la teneur du monde extérieur. Ils affectent cette chose que nous sommes et pour laquelle il y a toutes les choses. Ils relèvent du genre facultatif et luxueux, proprement littéraire, qui a connu, dans ce pays, une extraordinaire fortune. Les parallélépipèdes compacts dans lesquels il circule, depuis un demi-millénaire, ne sont pas remplaçables, du moins pour qui entend lire envers et contre tout, pour vivre, debout dans un wagon de métro bondé ou un soufflet de train, couché, brûlant de fièvre, dans une chambre, aux urgences, quand on est parti en catastrophe avec ses papiers, un bouquin raflé au passage, par habitude, et qu’on attend, à la corne d’un bois, qui est la pierre de touche, selon Giono, de ces livres rares qui soutiennent l’épreuve du plein air.
Je n’imagine pas que le facteur subjectif soit jamais transparent à lui-même, lavé de l’ombre du tourment, donc exempt de la nécessité de puiser à toute heure, n’importe où, aux pages d’un livre dont on a rabattu, par commodité, les plats de couverture, qu’on souligne et annote comme on peut, dans le pire inconfort. Mais pareille supposition se ressent de la réalité historique, transitoire, qui l’inspire. C’est sous cette réserve que je vois la bibliothèque idéale, ses volumes solides, palpables, confidents, dressés dans l’avenir, chargés d’éternité.

Pierre Bergounioux

Éric Chevillard

LA LITTÉRATURE A TOUJOURS ÉTÉ et sera toujours l’affaire d’un petit nombre. Nombre infime, micro-minorité au sein de laquelle les deux tiers font semblant. Parfois, il me semble même que seuls les écrivains savent lire. Nous nous rassemblons, nous avons des lieux – les maisons d’édition, les librairies, les revues, l’université – qui sont des chambres d’écho – d’autant plus que ça parle beaucoup et très fort, là-dedans –, aussi pouvons-nous nous bercer de l’illusion que la littérature est pour tout le monde une réalité et une aventure de la plus haute importance. Il n’en est rien pour ceux qui ne sont pas du nombre. Ils s’en passent comme d’un coati et d’une guimbarde et s’en moquent. Autres passions, autres soucis. Autres groupuscules. Ceux pour qui elle est un absolu sauront toujours reconstituer leur bibliothèque idéale. La mémoire infinie d’Internet leur facilitera même les choses, c’est probable. Il reste à espérer cependant que les éditeurs existeront toujours pour découvrir et promouvoir les écrivains qui sans nul doute continueront à naître et à ordonner des phrases tant que nous aurons encore une langue suffisamment articulée pour cela.

Éric Chevillard

Jean-Hubert Gailliot

LA « BIBLIOTHÈQUE IDÉALE », aujourd’hui comme hier, ne peut être formée que d’un nombre restreint de livres – mais qui contiennent implicitement tous les autres.
On les reconnaît sans peine. À l’œil, ils sont plutôt minces. À la lecture, ils se révèlent presque infinis. Cette double caractéristique (faible encombrement + capacité à mémoriser des bibliothèques entières) est justement ce que les techniciens de Sony, et d’ailleurs, très en retard sur les écrivains, voudraient égaler avec l’ersatz du livre électronique. Je leur souhaite bon courage.
Le livre d’une «bibliothèque idéale» se renouvelle avec le temps. Ces dernières années, ceux qui m’ont le plus accompagné sont Les Souterrains de Kerouac et Panégyrique de Debord.
Le premier commence par cette phrase-étendard : «Ils sont au poil sans être crâneurs, ils sont intelligents sans être casse-pieds, ils sont drôlement intellectuels et savent tout ce qu’on peut savoir sur Ezra Pound sans la ramener ou ne parler que de ça.» Lire Pound, c’est du boulot. Faire sien le style de vie suggéré par cette phrase, un jeu de tous les instants. Kerouac déconne tellement dans ce roman, qu’à la fin sa fiancée le quitte. Derniers mots : «Et j’ai perdu mon amour. Écrire ce livre.» (Accessoirement, ces lignes m’ont fourni la clé de mon premier roman : La Vie magnétique. Car le livre d’une «bibliothèque idéale» donne également, à qui veut, l’énergie d’ajouter ses propres phrases à la bibliothèque universelle.)
Quant à Panégyrique, comment ne pas y voir, bien plus qu’un modèle à suivre, le legs que Debord nous fait du «jeu de dés» qui, à titre personnel, lui a porté chance : Isidore Ducasse, un fragment deTristram Shandy, Baltasar Gracián, les alcools non frelatés, les plaisirs de Séville.
Avec UN SEUL DE CES LIVRES, JE VEUX CROIRE QU’IL SERAIT POSSIBLE, EN CAS DE DESTRUCTION TOTALE, DE TOUT RÉINVENTER. L’AVENIR DE LA CRÉATION LITTÉRAIRE SE CONFOND AVEC CELUI DE LA BIBLIOTHÈQUE. RÉIMPRIMER INLASSABLEMENT LES CLASSIQUES. RELIRE INLASSABLEMENT LES CLASSIQUES. RÉÉCRIRE INLASSABLEMENT LES CLASSIQUES. JE RÉPÈTE LA MÊME CHOSE QUE CEUX QUI M’ONT PRÉCÉDÉ, MAIS EN CITANT DES LIVRES QU’ILS NE POUVAIENT PAS AVOIR LUS. CEUX QUI ME SUIVRONT DIRONT LA MÊME CHOSE QUE MOI, MAIS EN CITANT DES LIVRES QUI NE SONT PAS ENCORE ÉCRITS.

Jean-Hubert Gailliot

Informations commerciales

Format : 130 x 215 - 215 x 215 mm. (format album)
Nombre de titres disponibles : 175
Nombre de nouveautés dans l’année : 6
Ventes nettes annuelles : 8600 ex.
Prix de vente moyen : 23 €
Les 5 meilleures ventes du fonds :
JMG Le Clézio. La Fête chantée 
Federico Zeri. J'avoue m'être trompé 
Marcia Davenport. Les Frères Holt
Louise de Vilmorin. Les Mémoires de Coco
Dominique Vivant Denon. Voyage dans la basse et haute Égypte pendant les campagnes du général Bonaparte

Les données concernant les ventes, les prix publics (TTC) et les réimpressions sont représentatives des quatre dernières années.
© Éditions Gallimard