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Collection L'Infini

« L'Infini » est une collection de littérature de création et d'essais contemporains dirigée par Philippe Sollers ; une revue du même nom lui est associée, prolongeant toutes deux les précédentes expériences éditoriales de leur animateur.

Création : 1983 (depuis 1987 chez Gallimard)
Nombre de titres parus : 25 de 1983 à 1987, 192 depuis 1987
Nombre d'auteurs édités : 96 (depuis 1983, hors collectif)
Ventes depuis parution : 778 900 ex.
Meilleure vente : Jean-Jacques Schuhl. Ingrid Caven (2000) : 203 000 ex.

Le premier titre :
Julia Kristeva. Histoires d'amour, Denoël (1983)

Toutes les parutions

« Il n'y a pas d'aventure intellectuelle, je dirai même esthétique, littéraire, au XXe siècle, qui ne soit une affaire d'édition. Sur tous les cas forts, je vous le démontre, c'est des coups d'édition. Tout ce qui compte soi-disant comme littérature, comme textes canoniques, sur lesquels on revient, on fait des commentaires… » (Philippe Sollers, Improvisations, Gallimard, 1991)

D'hier à aujourd'hui

En 1982, Philippe Sollers quitte le Seuil, après avoir dirigé pendant 22 ans la revue d'avant-garde - pour peu que l'on s'entende sur ce terme – Tel Quel et la collection du même nom. Tel Quel : 94 livraisons placées sous le signe de la linguistique, de la psychanalyse et de la littérature ; vingt années où la réflexion théorique d'un groupe (Derrida, Barthes, Kristeva, Ricardou, Genette…), son engagement politique (communisme, maoïsme…) et son entreprise de réévaluation d'œuvres extrêmes et marginales (Sade, Lautréamont, Artaud, Joyce, Céline, Bataille, Blanchot…) l'ont, au bilan, emporté sur les exclusions et les désunions qui en ont rythmé les jours. Mais c'est une autre histoire… 
1982 : Philippe Sollers publie Femmes chez Gallimard et se voit offert un bureau, une revue et une collection chez Denoël. « Un déplacement » dirait l'auteur. Une rupture ? Si la forme a quelque importance, on peut en douter, tant les deux revues se ressemblent (capitales éclairées, vignette…). Mais il n'y avait d'autre choix que de changer le titre de sa revue : « Pourquoi L'Infini ? Vous tenez vraiment à irriter l'opinion ? – […] C'est une méthode qui a fait ses preuves. – Vous n'avez pas peur d'être à cent mille kilomètres des problèmes actuels ? – Non. Je suis même persuadé du contraire. – Tout de même, L'Infini, là, comme ça, aujourd'hui, ça fait ridicule ! – À peu près autant qu'une formule pas si lointaine, rappelez-vous : "Soyez réaliste, demandez l'impossible" » (L'Infini, n° 1). Voilà qui donne le ton : provocation sans complaisance, présence intempestive à l'époque. 
Après 1987, la collection est reprise à la NRF et change de couverture, adoptant la tonalité de la « Blanche », sans filets. Reste que « L'Infini » n'est pas « Tel Quel », malgré une certaine continuité dans le ton, la permanence de quelques thématiques (sexualité, pratiques déviantes et littérature) et l'interrogation prolongée d'œuvres tutélaires (Céline par Henri Godard et Stéphane Zagdanski ; Genet par Éric Marty et Catherine Millot ; Debord ou Laurence Sterne par Cécile Guilbert ; Artaud par Raphaël Denys ; Rimbaud par Marcelin Pleynet ; Bataille par Bernard Sichère…). Autant de points de ralliement possibles, autant de figures subversives ou clandestines de l'écrivain.

Avant tout, c'est la jeune littérature qui intéresse « L'Infini » ; il n'est pas insignifiant que François Meyronnis, Yannick Haenel et Frédéric Badré, cofondateurs de la revue Ligne de risques, soient publiés dans « L'Infini », aux côtés de Bernard Lamarche-Vadel. Ne concluons pas pour autant à l'école, au « club » et, encore moins, à une approche dogmatique de ce que devait être une littérature nouvelle. Rachid O., dans sa singularité, est à ce titre une figure exemplaire ; ce jeune Marocain avait dicté un court texte à un ami, qui l'avait adressé à la collection. Sollers aime, publie dans la revue et incite le jeune homme à poursuivre son effort. 
Contre cette « France moisie » dont il ne cesse de bousculer l'apathie, Sollers a parié, sur la durée et non sans fulgurance (pensons au récent Trauma d'Hélène Duffau), sur les récits de Béatrice Commengé, David Di Nota, Stéphane Zagdanski… qui ont côtoyé, un temps, ceux de Frédéric Beigbeder, Catherine Cusset, Benoît Duteurtre ou Alina Reyes. Autofiction, récit intime, dérision… une coexistence plus qu'intéressante d'auteurs de la jeune génération, aujourd'hui sur le devant de la scène littéraire. 
À noter enfin la présence de quelques auteurs dont les expérimentations littéraires avaient déjà marqué les années 1970, dans le cadre du « Chemin » par exemple, comme Pierre Bourgeade et Jean-Jacques Schuhl (auteur rare du livre culte Rose Poussière, qui donne vingt-huit ans plus tard son premier prix Goncourt à « L'Infini » : Ingrid Caven).

Brèves

  • Pourquoi « L'Infini » ? Un nom de baptême qui évoque aussi bien La Défense de l'infini d'Aragon et L'Infini turbulent de Michaux que L'Entretien infini de Blanchot et Totalité et infini de Lévinas.
  • Découvert dans « L'Infini » ou accueillis à l'aube de leur parcours d'écrivain, Benoît Duteurtre et Catherine Cusset poursuivront leur œuvre dans la « Blanche ».
  • Si Philippe Sollers et Julia Kristeva sont les auteurs les plus représentés au sommaire de L'Infini, ils sont l'un et l'autre absents de la collection depuis 1987. L'un a choisi la « Blanche », la seconde d'autres éditeurs. On les retrouve cependant en « Folio ».
  • De Daniel Accursi à Hans Magnus Enzensberger, de Stéphane Zagdanski à Cécile Guilbert, de Raphaël Enthoven à Michaël Ferrier, on peut lire dans « L'Infini » quelque 65 essais, la plupart consacrés à des questions littéraires.

Prix littéraires  

Prix Pelléas : Musique absolue de Bruno Le Maire (2013)
Prix de la ville de Deauville : Musique absolue de Bruno Le Maire (2013)
Prix Édouard-Glissant : Fukushima de Michaël Ferrier (2012)
Prix littéraire de la Porte Dorée : Sympathie pour le fantôme de Michaël Ferrier (2010)
Prix du Chanoine Delpeuch de l'Institut de France : L'Être et le Divin de Bernard Sichère (2009)
Prix Interallié : Jan Karski de Yannick Haenel (2009)
Prix du Roman Fnac : Jan Karski de Yannick Haenel (2009)
Prix Roger Nimier : Cercle de Yannick Haenel (2008)
Prix Georges Bernanos : Grand Art de Valentin Retz (2008)
Prix Décembre : Cercle de Yannick Haenel (2007)
Prix littéraire de l'Asie : Tokyo de Michaël Ferrier (2005)
Prix Cazes — Brasserie Lipp : Et il ne pleut jamais, naturellement de Béatrice Commengé (2004)
Prix Verdaguer de l'Institut de France : Jours de guerre de Judith Brouste (2004)

Grand Prix du livre de mode de l'Université de la mode : Femme en fourreau de Jean-Luc Hennig (2001)
Prix Goncourt : Ingrid Caven de Jean-Jacques Schuhl (2000)
Prix Amic de l'Académie française : Un écrivain malgré la critique de Lakis Proguidis (2000)
Prix Femina : Amour noir de Dominique Noguez (1997)
Prix Femina du premier roman : L'Enfant éternel de Philippe Forest (1997)
Prix Goncourt du premier roman : Vétérinaires de Bernard Lamarche-Vadel (1994)
Prix d'histoire littéraire Andrée-Gautier : Saint-Simon ou l'encre de la subversion de Cécile Guilbert (1994)
Prix de l'essai Andrée-Gautier : La Danse de Nietzsche de Béatrice Commengé (1988)
Prix Max-Barthou La Danse de Nietzsche de Béatrice Commengé (1988)

Ils ont publié leur premier livre dans la collection  

Frédéric Berthet — Amélie de Bourbon Parme — Antoine Buéno — Emmanuel Catalan — Gilles Cornec — Catherine Cussé — René Defez — Raphaël Denys — David di Nota — Hélène Duffau

Cécile Guilbert — Lucile Laveggi — François Meyronnis — Rachid O. — Guy Tournaye — Jeanne Truong — Philippe Vilain

L'Infini repris en Folio

Nouvelles sous ecstasy de Frédéric Beigbeder — Le Sacre de Louis XVII d'Amélie de Bourbon Parme — Éros mécanique de Pierre Bourgeade — Tout doit disparaître de Benoît Duteurtre — L'Enfant éternel de Philippe Forest — Cercle et Jan Karski de Yannick Haenel — Vétérinaires de Bernard Lamarche-Vadel — Mes amours décomposés et La Prunelle de mes yeux de Gabriel Matzneff

O Solitude de Catherine Millot — Les Martagons et Amour noir de Dominique Noguez — L'Enfant ébloui et Plusieurs vies de Rachid O. — Quand tu aimes, il faut partir d'Alina Reyes — Ingrid Caven et Entrée des fantômes de Jean-Jacques Schuhl — Alain Jaubert. Val Paradis

Informations commerciales

Format : 140 x 205 mm. - 118 x 185 mm.
Nombre de titres disponibles : 191
Nombre de nouveautés dans l’année : 9
Prix de vente moyen : 16 €
Les 5 meilleures ventes du fonds :
Jean-Jacques Schuhl. Ingrid Caven
Dominique Noguez. Amour noir
Yannick Haenel. Jan Karski
Yannick Haenel. Cercle
Alain Jaubert. Val Paradis

Les données concernant les ventes, les prix publics (TTC) et les réimpressions sont représentatives des quatre dernières années.
Mise à jour : juin 2013

© Éditions Gallimard