Ils sont deux amis, les deux meilleurs de la classe, qui ont treize ans en 1939 : l'âge des promesses et l'année de la guerre. Ils partagent tout, les projets et les croix. Ils voudraient être explorateurs.
Mais avec les gazogènes et les topinambours, voici l'époque – et voici la romance – des chemins et des serments perdus. Julien, le narrateur, ne verra jamais les chars : «J'ai fait mes humanités en sautant la 2^e D.B.», avoue-t-il sans trop de honte. Il aura, lui aussi, le diable au corps. Une fois, seulement, sa guerre désinvolte croisera celle de son ami, Bertrand, qu'un sort funeste a enrôlé sous un uniforme allemand. Une seule fois, c'est assez, cependant, pour partager les croix encore et à jamais.
Un roman, certes, mais l'auteur n'a rien inventé. Telle fut cette guerre que, pour une simple tromperie sur l'uniforme, on a réellement vu des soldats français tuer d'autres soldats français. Tel fut son dénouement que, dans le moins romanesque des cas, Julien aurait très bien pu tuer Bertrand.
C'est sur ce thème poignant, traité avec effronterie, que l'on a la surprise de voir Denis Lalanne, chef de file des écrivains sportifs, faire résolument peau neuve et s'engager comme dans un premier livre.