«Les magistrats et les avocats éprouvent depuis quelques années une difficulté d'être dans leurs focntions. Ils se jugent divorcés, à leurs torts, du monde d'aujourd'hui. Cette crise profonde des institutions judiciaires, à laquelle répond en écho le doute grandissant du citoyen à leur égard, n'a pas été résolue par les nombreuses et importantes réformes qui ont été adoptées.
Sans doute parce que "le droit au juge" n'a pas encore trouvé sa place dans notre vie publique. La restauration d'un pouvoir judiciaire indépendant, doté des moyens de son action, est cependant la condition d'un régime présidentiel équilibré. Le citoyen peut à la rigueur se passer de juges quand ses gouvernants sont faibles, non lorsque l'exécutif est efficace. Une Justice forte fait la force de l'État.»
L'objet de cet essai sur la situation des libertés en France, aujourd'hui, est de proposer les moyens d'une plus grande «présence de la justice» pour que leur codification soit efficace. Étudiant la garde à vue, la détention préventive, le secret de l'instruction, la réforme de l'audience, le droit d'asile politique, la censure, le médiateur, la vie privée, les écoutes téléphoniques, le secret des correspondances, les ordinateurs, l'accès à la justice, la défense, le rôle directeur du juge, les rapports de la justice et de l'argent, le statut du magistrat, le budget de la justice, la Cour suprême, la justice politique, la Cour de sûreté de l'État, mais aussi l'usage répressif de la psychiatrie et le défi de la criminalité, l'auteur poursuit une ligne continue : «La liberté n'est pas à refaire, elle est à parfaire. Ses chances se mesurent à la place du magistrat dans la société.»