Trad. de l'allemand (Autriche) par Jean-Luc Moreau
Il s'agit là d'un livre d'entretiens quelque peu particulier, puisque manque la participation d'un des interlocuteurs, à savoir celui du solliciteur. Sans doute est-ce l'une des conditions posées par Thomas Bernhard à la publication de ce livre qu'il n'a autorisée qu'après l'avoir refusée par deux fois. On sait qu'il s'était fait une règle de ne participer en aucune manière à la vie littéraire médiatisée et qu'il n'accordait pratiquement jamais d'interviews. C'est pourquoi ce livre se présente sous cette forme et non pas comme un recueil d'entretiens menés selon le jeu traditionnel des questions et des réponses. Thomas Bernhard s'en explique d'ailleurs lui-même dans l'une des séquences : il peut certes parler en restant lui-même, mais s'il répond à des questions, il est alors obligé, pour aller dans le sens de son interlocuteur, d'employer des mots qui ne sont pas vraiment les siens, qu'il n'utiliserait pas en temps normal.
On se trouve ainsi devant un livre d'entretiens à une voix. Mais cela n'a rien d'un monologue. On sent la présence sinon d'un interlocuteur, du moins d'un auditeur. Et rien n'empêche le lecteur de s'imaginer qu'il est celui-là.