Un village cosaque de janvier à juillet 1930. Les terres du Don viennent d'être désignées à la collectivisation d'urgence. C'est un moment crucial de ce qu'on a appelé la seconde révolution, commencée dans la campagne soviétique de 1929, avec ses enthousiasmes, ses
difficultés, ses erreurs, ses contradictions, des crimes d'une sauvagerie inouïe, un peuple dont la verdeur de langage et de mœurs éclaire
l'âme crédule, les amours violentes ou pudiques, les subsistances du passé et les rêves d'un avenir qui n'est promis qu'à la génération
suivante. Un roman hors série, une histoire qui finit mal, si la justice y trouve son compte, et qui passe en U.R.S.S. aujourd'hui pour le chef-d'œuvre du réalisme socialiste.
Écrite en deux ans, la première partie du livre a été publiée en 1932. Les matériaux de la seconde partie se sont accumulés pendant onze ans avant que n'en soient, à partir de 1943, publiés des fragments de l'ouvrage qui ne sera achevé qu'à la fin de 1959, et recevra le prix Lénine en 1963. On y découvrira un Cholokhov dont les inventions de langage, les digressions, les audaces de construction font l'un des grands monstres romanciers de ce siècle. Vingt-neuf ans passés à décrire six mois d'un village, c'est sans doute un record de lenteur à quoi ne sont pas étrangers les événements, le culte de Staline, et la guerre, mais aussi un phénomène littéraire dont on n'a pas fini de faire le tour.