1929-1932, années déterminantes pour René Daumal et riches d'événements : triomphe et naufrage du Grand Jeu, désintoxications de Gilbert-Lecomte, querelles avec les surréalistes, nouvelles amitiés (Ballard, Paulhan) et la voie, cherchée longtemps, enfin trouvée. Une lecture superficielle des lettres de jeunesse a pu prêter à confusion, celles des années trente la rend désormais impossible. Le ton en reste
ironique et plaisant pour la chronique des «humeurs» de tout un chacun : Henry brouillon, enthousiaste, Harfaux méditatif, Renéville encore provincial, Delons susceptible, Audard politicien, André Breton déprimé, Aragon intrigant, Paulhan mesuré. Mais quand il s'agit des grandes questions comme le suicide, le temps, la mort, l'amour, la politique..., bien que restant familier, le ton prend de la hauteur, devient grave. Œuvre dans l'œuvre, les lettres de Daumal témoignent de la rigueur de sa pensée, dévoilent ses doutes, ses espoirs, donnent de précieuses indications sur la genèse de ses poèmes. Le volume s'achève avec son départ pour New York. Une partie de sa vie est terminée. Il a vingt-quatre ans.