«Jamais Dostoïevski ne s'est confessé plus sincèrement, plus tragiquement que dans Le Souterrain. Cette nouvelle nous ouvre les portes de son théâtre intérieur. Le personnage anonyme du Souterrain ne cesse, dans sa solitude, d'interpeller, d'insulter un interlocuteur imaginaire. Épuisé par cette lutte, il sort enfin de sa tanière et décide de communiquer non plus avec des fantômes, mais avec des êtres vivants. Mais le souterrain le poursuit et se reconstitue sournoisement autour de lui.
Et quand, s'étant épris jusqu'au délire d'une jeune femme, Pauline, le personnage entre dans un casino pour y tenter sa chance et gagner de quoi s'enfuir avec elle, c'est la salle du jeu qui, à son tour, se referme peu à peu sur lui comme un piège. Le souterrain a gagné.
Et l'interlocuteur imaginaire qu'il haranguera maintenant, ce sera La Roulette, c'est-à-dire le hasard, la destinée. J'ai tiré la deuxième partie de cette pièce à la fois de la nouvelle Le Joueur (écrite peu après Le Souterrain) et de la Correspondance même de Dostoïevski. J'ai ainsi voulu réunir dans le même personnage la Pauline du récit et la femme qui en fut le modèle, et qui s'appelait également Pauline.»
Georges Neveux.