«Que peut-on écrire ? La plupart de nos entretiens tournent autour de cette question.
Pierre Bourgeade est bien placé pour en parler : il a fait siens tous les déchirements de l'époque. Écrivain solitaire - pour ne pas dire marginal -, il n'a jamais cru aux théories littéraires, tout en poussant très loin le souci de la forme. Intellectuel engagé, il est l'auteur d'une œuvre qui explore le mal, en l'homme et dans l'Histoire, avec si peu de préjugés qu'elle en est devenue irrécupérable moralement.
Il nous a dit un jour : "Si on écrit sur-soi-dans-sa-solitude, on est dans ses fantasmes. Si on écrit sur-soi-parmi-les-autres, on est dans l'Histoire, fantasme collectif. Les années passant, j'ai l'impression que le soi, les fantasmes et l'Histoire n'ont fait qu'un."»
Sylvie Martigny, Jean-Hubert Gailliot.