La question du cancer est, pour l'espèce humaine, une des plus importantes et aussi l'une des plus angoissantes qui soient. 145 000 cas nouveaux de cancer sont, chaque année, diagnostiqués en France, et l'on peut admettre que, parmi les sujets ayant dépassé quarante-
cinq ans, un sur trois est voué à succomber à cette maladie, qui, au lieu de régresser comme font la plupart des autres sous l'influence des progrès de la médecine, paraît, tout au contraire, n'en devenir que plus fréquente.
La science ne triomphera véritablement du cancer que lorsqu'elle en connaîtra la nature et l'origine. Or, pour l'instant, en dépit d'innombrables recherches effectuées dans tous les pays, et si nombreux que soient les faits acquis sur le cancer naturel comme sur le cancer expérimental, sur le cancer humain comme sur
les cancers animaux, nous en restons toujours au stade de la supposition et de l'hypothèse. D'entre les multiples théories – théorie chimique, théorie de la mutation, théorie parasitaire, etc. – l'une des plus plausibles est celle qui attribue la cancérisation à l'activité d'un élément infectieux et submicroscopique – d'un virus. C'est pour elle que se prononce, avec une courageuse netteté, mais qui n'exclut pas l'examen impartial des thèses adverses, le professeur Charles Oberling, directeur de l'Institut national du cancer, et auteur de travaux classiques sur les leucémies.
Pour traiter de la vaste question du cancer – question qui touche à la fois à la médecine et à la biologie – nul n'était plus qualifié que cet éminent chercheur, dont l'autorité en matière de carcinologie est reconnue par les spécialistes du monde entier. Son livre, d'une exceptionnelle importance, s'adresse non seulement aux médecins et aux étudiants, à qui il apporte la plus rigoureuse des mises au point, mais encore à tous ceux qui, jusque dans le grand public, veulent avoir une idée de la façon dont la science s'efforce de pénétrer le secret du terrible mal.