1951-1956, on a découvert le pétrole, et un siècle s'est passé au Sahara. Il faut savoir qu'aujourd'hui les siècles vont vite. L'Arabie, depuis dix ans, est entrée sur la scène internationale. Le Sahara, désert de sable hier, joue un rôle très important dans la politique mondiale d'aujourd'hui. Il est, entre autres, la clé du problème algérien.
Sur le Sahara, il existait quelques livres ; les uns sérieux, les autres d'actualité, mais d'une actualité qui s'est vite démodée. Sahara, an I pose le problème d'une façon totale : la France possède-t-elle un nouvel Eldorado?
Ayant vu les hommes, ayant compris le paysage humain, ayant voyagé en tous sens, Jean Lartéguy peut répondre à cette question. Il nous décrit les oasis transformées par le passage inlassable des caravanes de camions ; les forages poursuivis avec une fièvre extrême ; l'agitation parmi les tribus Touaregs ou Chambaas, qui abandonnent leurs palmeraies pour les chantiers nouveaux ; les intrigues politiques ; et, peut-être, sous le sol, la plus grande réserve pétrolifère du monde.
Ce Sahara, Jean Lartéguy nous en montre d'abord l'aspect héroïque : les voyages de ces explorateurs, comme Caillé, qui nous l'ont donné. Puis, cette coupure radicale, ce Far-West qui se construit, dont les Indiens se nomment fellagas, – les cow-boys : sondeurs ou géophysiciens, – les
trains : pipe-lines ou avions, – les saloons : hôtels transatlantiques avec air conditionné. (Mais la tranche de jambon y coûte mille francs.)
Le pétrole du Sahara, dans quelques années, permettra à la France d'exporter de l'essence. C'est ce qui explique nos difficultés politiques, l'agitation de la Bourse, tant d'espoirs et tant de difficultés.
Complété par des renseignements économiques très précis, Sahara, an I est la première grande description d'une aventure considérable, dont la France prend à peine conscience.