«Je m'appelle Jérôme Aubin. Je suis venu au monde le 26 octobre 1925, le jour où fut signé le pacte de Locarno. C'est vous dire que j'appartiens à cette génération de Français qui va connaître enfin le bonheur et la paix...»
Ainsi commencent les mémoires de Jérôme Aubin, prototype du Français moyen, rouspéteur timoré, anticonformiste pacifique, anarchiste pusillanime et contempteur respectueux de nos plus vénérables traditions. Les aventures du Petit Prof' racontées avec un humour qui excelle à faire apparaître le «banal quotidien» sous ses aspects les plus insolites et les plus extravagants, n'étonneront point nos contemporains, parce que chacun d'eux pourra y retrouver un peu de lui-même.
Jérôme grandit pendant les années difficiles qui précédérent la Deuxième Guerre mondiale. Adolescent, il traverse ensuite avec beaucoup d'aisance et de bonne humeur la sombre période de l'Occupation. Il sera soldat au moment même où la France n'a plus besoin de lui, et il abordera enfin son métier d'homme. Professeur de lycée, il tentera de révolutionner l'enseignement classique et d'imposer ses théories novatrices, non sans provoquer la plus légitime inquiétude chez ses supérieurs...
L' Armoire volante, La Maison Bonnadieu, Virgile, Escalier de service, Les Truands ont imposé le nom de Carlo Rim comme celui de l'un des meilleurs «auteurs complets» du
cinéma français, mais jamais encore Carlo Rim n'avait éprouvé l'envie de convertir lui-même l'un de ses scénarios en roman.
«Le roman est pour moi essentiellement autobiographique, dit Carlo Rim. Je ne crois qu'aux héros qui parlent à la première personne. Cela donne à leurs confidences ou à leurs aveux un ton de vérité très plaisant surtout quand ils mentent. Je m'empresse de déclarer que je n'ai à peu près rien de commun avec le Petit Prof', sinon un penchant très marqué pour l'esprit de contradiction et l'amour romanesque.»
On ne pensera donc pas que Le Petit Prof' est un roman autobiographique, mais on y retrouvera le légendaire Monsieur Virgule imaginé jadis par Carlo Rim. Et tout au long du récit on verra se profiler la silhouette de Darry Cowl, interprète du film – qui n'aura jamais mieux bégayé que depuis que Carlo Rim lui souffle ses répliques.