La Banque Mondiale est un organisme international proche parent des Nations Unies, peu connu du grand public mais d'une efficacité certaine. James Morris a été mis au défi par l'un des membres de son aréopage d'écrire à son sujet un ouvrage intéressant. Ce défi, il l'a relevé et s'est acquitté avec humour et impartialité de cette tâche. Il nous fait connaître la Banque Mondiale et son siège à Washington, son personnel, son prestigieux directeur, le mécanisme de son fonctionnement. Comme toutes les banques, celle-ci prête de l'argent, mais, organisme international, elle en prête non à des particuliers, mais à des États. Nous voyons d'abord comment la Banque se procure des fonds, puis comment elle les «place». Car, sous des dehors charitables, elle procède finalement à des investissements lucratifs.
À la suite des capitaux de la Banque, nous visitons le Siam, l'Éthiopie, l'Italie du Sud, la Colombie et l'Afghanistan, pays où grâce à la Banque Mondiale se construisent des routes, des barrages, des voies ferrées.
Et nous découvrons que la Banque Mondiale, d'essence fondamentalement conservatrice, est en fait un agent du progrès. Elle est sinon le promoteur du moins le puissant auxiliaire de la révolution technique dans «le monde pauvre», les pays sous-développés, les pays en voie de développement d'aujourd'hui. Instrument de la guerre froide dans les pays où les philanthropies du bloc capitaliste et du bloc soviétique rivalisent de générosité, elle exerce une influence politique incontestable.
Et, enfin, elle joue un rôle diplomatique de tout premier plan. Car, dans le monde moderne, à l'ère de la technique, cet organisme composé non d'hommes politiques ou d'idéalistes, mais d'hommes d'affaires raisonnables, possède une arme universellement respectée : l'argent.