Le 23 mai 1921, un bateau, le Pocahontas, quittait New York avec, à son bord, vingt-trois juifs américains qui avaient décidé de s'installer en Palestine. Ils faillirent bien ne jamais arriver. Le Pocahontas connut, au cours de sa traversée, une mutinerie, un sabotage, un incendie criminel. Il mit quarante-quatre jours pour arriver, au lieu des deux semaines prévues. Parmi ces immigrants se trouvait une jeune et belle femme, Golda, qui allait jouer un grand rôle dans la création d'Israël et devenir la première femme du monde ministre des Affaires Ëtrangères. Golda Meir dont Ben Gourion a dit : «Le jour où l'on écrira l'Histoire, on dira que c'est une juive qui a permis que l'État d'Israël voie le jour.»
Cette histoire, une amie de Golda Meir, Marie Syrkin, l'a écrite. Elle raconte la vie, ou plutôt les vies de cette femme légendaire. Golda naît en Ukraine, en 1898, et connaît dans son enfance les terribles pogroms russes. Sa famille s'installe ensuite aux États-Unis, et elle doit lutter contre ses parents pour acquérir de l'instruction. Puis elle devient une militante, et, après son départ pour la Palestine, son histoire se confond avec celle du Sionisme et de l'État d'Israël.
Les épisodes extraordinaires ne manquent pas dans cette vie combative. Certains sont fort romanesques. On voit Golda Meir se déguiser en femme arabe pour se rendre à une entrevue secrète avec le roi Abdullah de Jordanie. On la voit aussi bien tenir tête aux grandes puissances que prendre ses repas à la même table que sa bonne, dans sa cuisine.
À travers ce portrait pittoresque, mais aussi d'une grande valeur politique et historique, on découvre une femme d'une rare qualité morale, dont chaque geste, chaque instant est commandé par le respect dû à la personne humaine.