L'hiver sur le port de Cannes, l'envers du décor. Voiliers, bateaux à moteur immobilisés à quai, habités par les seuls capitaines, vrais ou faux, gardiens et professionnels de tout acabit. Une sorte de grand village lacustre, peuplé d'hommes et de femmes pour qui la liberté n'est pas un terme d'idéologie. Des gens un peu à part, qui se connaissent tous, des habitués des «parties» du Jonathan Livingstone perdu au bout de la jetée du Cimetière de Bateaux, à la solitude du cormoran, où vivent Roland et Verle... La pluie, le vent d'Est, les cordages qui grincent, le Belge qui saborde son bateau, Érik le pirate, Paco le voleur de chiens... les matinées tranquilles et les nuits agitées, le quai, les filles aux mains calleuses, le Vieux perché en haut des mâts... La pluie goutte à l'intérieur des bateaux, les cabines sentent le moisi, une petite houle fait battre les portes, les voiliers tirent sur leurs amarrres commes des chiens sur leur laisse. De l'autre côté, les plages désertes, piétinées par les seules mouettes. Le comique est toujours là, il suffit pour le voir d'essuyer ses larmes.