Le 22 mars 1895, Louis Lumière présentait à Paris une minute de «vues animées» : La Sortie des usines Lumière. Mémorable «générale». Le 28 décembre 1895, ce fut la première des séances publiques de projections cinématographiques, dans le sous-sol du Grand-Café, près de l'Opéra. Entre-temps, Louis Lumière était parvenu à fabriquer sa propre pellicule, à la recouvrir d'une émulsion maison, à tourner plusieurs films et à transformer son prototype en un appareil de série, léger, réversible et fiable : le Cinématographe Lumière. Tandis que s'ouvraient d'autres salles, plusieurs dizaines d'opérateurs-projectionnistes partaient à la conquête du monde : le Catalogue Lumière comporte quatorze cents titres.
Louis Lumière a également beaucoup fait pour la photographie, inventant pour elle, entre mille recherches et cent brevets, de nouvelles techniques pour la rendre instantanée, animée, colorée... Il n'avait pas dix-sept ans lorsqu'il créa l'émulsion Étiquette Bleue, qui fit d'une entreprise naissante de la banlieue de Monplaisir, à Lyon, le premier fabricant européen de produits photographiques. Il en avait trente lorsque son Cinématographe permit aux images de «sortir de la boîte» (du kinétoscope Edison) pour être projetées en mouvement, en grand format, devant des salles entières. Dix années encore avant que n'éclate la subtile merveille des plaques autochromes, où les teintes pastel de la nature sont reflétées par des miIliers de petits prismes, contenus dans... les grains de fécule des pommes de terre. «Ce sont des sorciers, les patrons», disaient les employés de Monplaisir. Mais les résultats de ce tour de passe-passe à la Lewis Carroll sont toujours, un siècle plus tard, sous nos yeux.
Le Roman des Lumière raconte
l'histoire de Louis Lumière, de ses découvertes et de son temps, tandis que l'album Les images des Lumière montre les travaux, les plaisirs et les jours de la famille Lumière au tournant du siècle, à la Belle Époque.