Le 6 février 1934 nous a appris qu'une émeute n'est pas si facile à prévoir ni à expliquer. L'histoire nous avait laissé une autre impression : nous n'y avions vu que des événements accompagnés de leurs causes (présumées) et des conséquences qui leur sont attribuées : nous avions volontiers, avec elle, accusé d'inertie les gouvernements pour s'être laissé surprendre et vaincre par les révolutions. Au lendemain d'une secousse déjà révélatrice, rien n'était plus tentant que d'appeler en confrontation histoire et actualité, d'écouter, nous témoins d'une journée à caractère révolutionnaire, le récit des révolutions modernes par des historiens ayant autant que possible une expérience politique. De la Renaissance à nos jours la matière est riche : nous n'aurons rien omis d'essentiel, semble-t-il, en concentrant notre attention sur Cromwell, les révolutions provoquées de 1789, 1830, 1848, la Commune, la révolution bolchevique d'octobre 1917, la marche sur Rome, le mouvement hitlérien, et le soulèvement nationaliste en Espagne. La tâche de nos collaborateurs était d'expliquer comment et pourquoi des forces de protestation se groupent et réussissent à renverser un régime donné, car leur but est de nous préparer à mieux comprendre les événements auxquels nous avons assisté. Aussi devaient-ils arrêter leur enquête au moment de la prise du pouvoir (ou d'un acte de même signification). Personne ainsi ne sera tenté de confondre les mouvements insurrectionnels eux-mêmes et les attitudes adoptées ensuite
par les nouveaux dirigeants.