Plus que l'évolution des techniques isolées géographiquement ou chronologiquement, la notion de système technique, ensemble cohérent de structures dépendantes les unes des autres, nous a paru rendre compte de façon intéressante du monde matériel de l'humanité depuis ses origines.
Cet ensemble de structures complémentaires permet au technicien d'ouvrir le dialogue avec les spécialistes, jusqu'alors réticents, des autres systèmes : l'économiste, le linguiste, le sociologue, le politique, le juriste, le savant, le philosophe. Ce qui peut paraître clair et rigoureusement ordonné dans le progrès scientifique, qui est logique et autonome, l'est infiniment moins dans le progrès technique qu'une cohérence interne fait dépendre d'une grande quantité de facteurs externes, catalyseurs ou stérilisants. Pour que naisse et grandisse une technique, il faut qu'elle soit nourrie par un système favorable.
De système en système, il est possible de scander les siècles selon d'autres rythmes que ceux auxquels une histoire plus classique nous a habitués. Mais, diront certains, écrire l'histoire, n'est-ce pas nécessairement en éclairer l'un des aspects? Nous avons connu l'histoire-bataille comme l'histoire de la longue durée où les événements et les hommes s'affaçaient devant les mouvements séculaires. Nous proposons ici une histoire en quelque sorte enchaînée par le monde matériel.