Il est généralement admis que c'est une erreur de porter les événements contemporains à la scène. Le théâtre, croit-on, a besoin de s'envelopper d'une atmosphère de légende que les auteurs demandent à un recul dans le temps ou à l'éloignement dans l'espace. C'est
pourtant cette dramaturgie de l'actuel, réputée impossible, que Jean-Richard Bloch a tentée avec Toulon, et le succès de cette pièce a montré qu'il est possible de transporter avec bonheur l'actualité sur la scène en lui conférant le style et la dignité de l'œuvre d'art.
Toulon, pièce en trois époques et treize tableaux écrite à Moscou en 1943, représentée à Alger et Afrique du Nord en 1944, puis à l'Odéon en 1945, évoque le sabordage de la Flotte française après l'entrée des Allemands dans la zone libre lors du débarquement allié en Afrique du Nord. Elle est suivie d'Une perquisition à Paris en 1940, pièce en un acte et trois tableaux, épisode de l'occupation allemande, de Naissance d'une cité, «grand spectacle total se déroulant sur une piste», qui fut représenté au Vélodrome d'Hiver pendant l'Exposition internationale de 1937, et enfin de La Première du «Mariage de Figaro»,pièce en un acte qui évoque cet épisode connu de la marche du peuple français vers la liberté.