Trad. de l'italien par Maddy Buysse
Lors d'un séjour de nouvel an, aux sport d'hiver avec sa compagne, le héros, marxiste, tente de comprendre de quelle nature est la situation apparemment «normale» où ils se trouvent plongés, de quelle nature sont les réactions apparemment «anormales» qui y répondent. Nous nous apercevons bientôt, par un récit qui passe sans cesse du réel à l'imaginaire, de la première à la troisième personne, que le véritable lieu du roman n'est pas tant le séjour à la montagne d'Ernesto et ses amis que leur affrontement, et le nôtre, avec une réalité qui doit être aperçue, dans son fond, comme une contradiction qui ne laisse pas de repos. Sans doute les problèmes du sexe
prennent-ils toujours un poids particulièrement dramatique, et davantage encore en Italie peut-être. Mais le comportement amoureux n'est-il pas aussi celui où peut le plus naturellement se manifester l'insatisfaction qui vient de l'inacceptable état de choses? La confrontation entre amants étant le sujet de la confrontation entre amis qui est, à son tour, le sujet de la confrontation entre auteur et lecteur, nous ne pouvons ne pas être pris à notre tour à ce jeu.
L' Incomplet, dit Alain Jouffroy, «est une œuvre courageuse, originale, que l'on ne saurait comparer à rien dans la jeune littérature française, pas même au "nouveau roman". Elle traduit l'invasion des idées et des réalités sociales (conçues dans une perspective d'interrogation de gauche) à l'intérieur des gestes, de événements en apparence les pIus futiles : danser, boire un verre de cognac, bavarder, se serrer la main, rencontrer des gens dans un hôtel».